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Attendez-vous le retour du Christ ce mois-ci ?

REGARDS BIBLIQUES par Sébastien Doane
            Professeur d’études bibliques Université Laval

          NOVEMBRE 2021


Jésus va‐t‐il revenir ? Qu’en dit la Bible ? Est‐ce vraiment important pour notre foi ?

Jean Cousin le fils, Le jugement dernier, vers 1585, Musée du Louvre.

Au mois de mars 2020, alors que la planète entière vivait un moment apocalyptique, j’ai appris à lire autrement les textes bibliques qui traitent de la fin des temps. Tout d’un coup, le monde tel qu’on le connaissait n’était plus. Déboussolés, nous avions perdu tous nos repères. On avait même peur d’aller acheter des couches à la pharmacie et on lavait la boîte en arrivant à la maison ! Cette conscience d’un changement radical du monde tel qu’on le connaît avec un regard incertain vers le futur peut nous aider à comprendre un peu l’expérience des personnes qui suivent Jésus au premier siècle.

Après la résurrection de Jésus, les premières communautés chrétiennes voyaient bien que certaines attentes n’étaient pas encore accomplies. Les textes prophétiques parlent souvent du « jour du Seigneur », le moment où Dieu jugera selon sa justice. Or, la violence, la souffrance et la mort faisaient encore partie de la vie des premiers chrétiens. Le Christ est venu, il est mort et ressuscité, mais pour le dire bêtement, il manquait encore quelque chose…

Rencontrer le Seigneur… dans les airs !

Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, le premier texte chrétien à avoir été écrit (vers l’an 51), Paul décrit le retour de Jésus : « Le Seigneur, au signal donné, à la voix de l’archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel : alors les morts en Christ ressusciteront d’abord; ensuite nous, les vivants, qui seront restés, nous serons enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. » Cette image cherche à réconforter ceux qui vivent dans une attente vive. Paul affirme explicitement qu’il croit que la venue du Seigneur se déroulera de son vivant (1 Thessaloniciens 4,15). Le hic, c’est que le temps passe… et ça ne se produit pas.

C’est pourquoi la deuxième lettre aux Thessaloniciens rectifie le tir. Cette lettre mentionne un contexte de persécutions, d’épreuves, de souffrance et de détresse. Le retour du Seigneur sera un moment de jugement pour ceux qui ne suivent pas l’Évangile et de glorification pour ceux qui lui sont fidèles. Or, ce moment est retardé : « N’allez pas trop vite perdre la tête ni vous effrayer à cause d’une révélation prophétique, d’un propos ou d’une lettre présentée comme venant de nous, et qui vous ferait croire que le jour du Seigneur est arrivé » (2 Thessaloniciens 2,2). Il semble que certains des Thessaloniciens avaient même arrêté de travailler pensant que la fin était toute proche (3,10). Paul invite à retourner au travail puisque la vie continue.

Le jugement du Fils de l’homme

Les évangiles (composés entre 70 et 90) transmettent plusieurs versets sur l’avènement du Fils de l’homme. Cette figure reliée au jugement divin est utilisée pour parler indirectement de Jésus. Marc 13 décrit une grande détresse avec un soleil qui s’obscurcit, une lune qui ne brille plus et des étoiles qui tombent du ciel. « Alors on verra le Fils de l’homme venir entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et de la gloire » (Marc 13,26). Les évangiles invitent à rester prêt pour l’avènement du Fils de l’homme et son jugement. Or, personne – même le Fils et les anges – n’en sait ni le jour ni l’heure de sa venue (Matthieu 24,36).

Un retour qui crée un malaise

Si l’attente du retour du Christ est vive chez certains chrétiens évangéliques, les catholiques ressentent généralement un certain malaise devant tout ça. D’une part parce que ce retour est associé à des images surnaturelles de destruction apocalyptique. D’autre part, il y a un malaise autour du jugement divin associé à ce retour. Nous sommes très à l’aise avec un Dieu à l’image du père du fils prodigue, qui pardonne généreusement. À l’inverse, nous sommes déstabilisés par le tableau dressé en Matthieu 25 du Fils de l’homme qui vient dans sa gloire pour siéger et séparer les humains entre les justes qui accèdent à la vie éternelle et les maudits qui sont jetés au feu éternel. Ainsi, pour éviter ce jugement difficile et ses images apocalyptiques, plusieurs préfèrent oublier l’attente du retour du Christ. Pourtant, celui-ci a une place importante dans notre foi puisqu’il fait partie du Credo de Nicée-Constantinople : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. »

Une spiritualité de l’attente

Attendre le Christ, qu’est-ce que ça change ? Je crois que cette attente est essentielle puisqu’elle nous invite à sortir de notre zone de confort. Être en attente, c’est développer l’espoir qu’il y a quelque chose qui se prépare. Après deux millénaires, nous nous sommes habitués à vivre dans le monde tel que nous le connaissons. Peut-être que le choc de l’expérience de la pandémie peut nous déstabiliser et nous aider à penser que ce monde ancien peut disparaître pour que le Christ devienne le cœur d’un monde nouveau ? J’avoue que je ne m’attends pas à ce que le Christ revienne ce mois-ci, mais le fait d’y penser me donne une posture plus ouverte au changement, à l’accomplissement de la Bonne Nouvelle.

« Priez que ça n’arrive pas en hiver ! »
  (Matthieu 24,20)

Un verset de l’Évangile de Matthieu a un écho particulier chez nous. Il invite à prier pour que la grande détresse ne se déroule pas en hiver, ou lors d’un sabbat. Il souligne le malheur particulier pour celles qui sont enceintes ou qui allaitent et doivent fuir.

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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