Délires
ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef
Septembre 2020
Certains individus et groupes ne croient pas à la pandémie. Pour eux, il n’y a pas de COVID-19, pas de virus, tout cela ne serait qu’un immense mensonge des autorités pour mieux nous contrôler.
En Italie, un journaliste qui n’a aucune compétence en santé ou en nutrition s’est fait des milliers d’adeptes en promouvant un régime alimentaire de son cru, régime qui nous permettrait de vivre jusqu’à 120 ans et de guérir certaines maladies, comme le diabète.
Beaucoup sont convaincus que la Terre est plate, même si Ératosthène en a calculé la circonférence il y a 2 200 ans. D’ailleurs, une conseillère municipale de Gatineau refuse toujours d’admettre que la Terre est ronde.
Alors qu’il est indéniable que la vaccination a permis d’éradiquer de nombreuses maladies infectieuses et de réduire la mortalité, nombre de parents refusent de faire vacciner leurs enfants. D’autres croient que le milliardaire Bill Gates, qui consacre une partie de sa fortune à sa fondation philanthropique luttant contre la mortalité infantile dans les pays les plus pauvres, chercherait par la vaccination à implanter des micropuces à l’intérieur de tous les humains de la planète.
Ce ne sont là que quelques exemples des différents «complots» auxquels adhère une proportion non négligeable de la population. Un même raisonnement les sous-tend : les élites et les autorités (politiques, économiques, scientifiques, médicales, religieuses, etc.) nous trompent, on ne peut leur faire confiance. Alors on est prêts à croire n’importe quel discours qui contraste avec celui des autorités, n’importe quelle niaiserie émanant de n’importe quel énergumène. On rejette les politiciens d’expérience pour appuyer des incompétents parce qu’ils ont le «mérite» de ne pas être issus de la classe politique (comme Trump). On rejette le christianisme, des siècles de réflexion théologique et de vies transformées, pour suivre des gourous autoproclamés. On rejette la médecine pour essayer des traitements douteux, souvent des arnaques.
Il est impossible de raisonner ceux qui croient à ces complots, car il s’agit bien de croyance et non de raison. Ils choisissent de croire les complotistes et de ne pas croire la science, les experts, les décideurs. Et certains défendent leur croyance avec un fanatisme presque religieux, allant jusqu’à l’agressivité quand ils sont contredits.
L’humain a besoin de croire en quelque chose. Si ce n’est pas une croyance religieuse, un autre type de croyance prendra la place. Nous qui sommes croyants, sommes-nous plus perméables à ces sottises ou au contraire immunisés? Ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on doit croire n’importe quoi. Être croyant, ce n’est pas être crédule. Tout n’est pas vrai sur Facebook!
En pensant à ces délires conspirationnistes me revient en tête ce passage biblique : «Car le temps viendra où les gens ne voudront plus rien savoir de l’enseignement juste. Au gré de leurs caprices, ils se choisiront une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils fermeront leurs oreilles à la vérité pour écouter des récits de pure invention» (2 Timothée 4,34).