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Dieu est déjà là

ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef

          Mars 2023

Quelques jours avant la béatification du jeune Italien Carlo Acutis en 2020, on a ouvert sa tombe. La rumeur s’est vite répandue dans les médias et sur les réseaux sociaux que son corps était resté intact, 14 ans après sa mort. Mgr Sorrentino, évêque d’Assise, a dû rectifier : si son corps était intègre (c’est-à-dire qu’il avait tous ses organes), il portait toutefois les marques normales du processus de décomposition, et son visage avait été reconstruit « avec art et amour ».

Ce fut une déception pour plusieurs. Nous sommes friands de miracles, avides de surnaturel; nous aimerions tellement avoir des signes qui nous donnent raison de croire ! Comme si la vie de Jésus et ses enseignements – s’aimer les uns les autres, aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même, faire aux autres ce qu’on aimerait qu’ils fassent pour soi, pardonner, prier, ne pas juger, etc. –, c’était trop terre à terre, pas assez spectaculaire.

On a parfois reproché à la revue Notre-Dame-du-Cap de ne pas parler suffisamment des miracles qui se sont produits ici, au Sanctuaire. C’est parce que ce n’est pas sur les miracles que doit reposer notre foi. Si elle est solide, nous n’avons pas besoin de prodiges par surcroît. Certes, les chrétiens croient que la vie ne se réduit pas à sa dimension matérielle, qu’il existe une autre dimension et qu’on peut parfois assister à des surgissements de cette autre dimension dans la nôtre : des phénomènes inexpliqués, inexplicables et très rares, comme des guérisons ou l’incorruptibilité des corps des saints. Mais là n’est pas l’important ! Un proverbe dit : « Quand le sage pointe le ciel, l’idiot regarde le doigt. » Ou, comme l’écrit Sébastien Doane dans sa chronique ce mois-ci (p. 18-19): « Les miracles renvoient à autre chose qu’eux-mêmes. »

À ceux qui lui demandaient des signes pour croire en lui, Jésus a répondu qu’il ne leur serait donné d’autre signe que celui de Jonas, c’est-à-dire sa mort et sa résurrection (Matthieu 12,39-40). Voilà le cœur de notre foi.

Le frère André disait : « C’est étonnant, on me demande souvent des guérisons, mais bien rarement l’humilité et l’esprit de foi. C’est pourtant si important. » Et le pape François a tweeté le 29 novembre dernier : « Dieu se cache dans les situations communes de nos vies. Il ne vient pas dans les événements extraordinaires, mais dans le travail quotidien, une rencontre fortuite, le visage d’une personne dans le besoin… le Seigneur est là qui nous appelle, et inspire nos actions. »

N’attendons pas Dieu dans des miracles. Dieu est déjà là, dans nos vies, dans notre monde. Et c’est lui qui nous y attend.

Stéphane Gaudet
redaction@revue-ndc.qc.ca


Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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