Diversité n’est pas division
ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef
Janvier-février 2024
Comme chaque année, du 18 au 25 janvier, nous soulignerons la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Ce temps fort œcuménique a encore sa raison d’être, car le rapprochement entre les différentes confessions chrétiennes semble marquer un temps d’arrêt, voire reculer dans certains milieux, pour diverses raisons. Le dialogue interreligieux, notamment avec l’islam, serait devenu plus urgent que celui entre Églises chrétiennes. D’autres croient que les Églises se sont tellement rapprochées qu’il est impossible d’aller plus loin sans y perdre son identité et ses spécificités. On m’a rapporté que chez beaucoup de jeunes prêtres et de séminaristes, l’œcuménisme suscite peu d’intérêt; il serait déplorable que la nouvelle génération de prêtres catholiques soit sectaire. Nous sommes chrétiens avant d’être catholiques, orthodoxes ou protestants. La « religion catholique » (ou orthodoxe, ou protestante) n’existe pas : il y a des Églises différentes, mais toutes d’une seule et même religion, le christianisme. C’est triste qu’il faille encore le rappeler en 2024, 60 ans après que l’Église catholique s’est résolument engagée dans le mouvement œcuménique.
Il existe pourtant tellement de beaux exemples de dépassement des barrières confessionnelles ! Comme l’architecte protestant Espérandieu qui, sous l’épiscopat de saint Eugène de Mazenod, fondateur des Oblats, a conçu les deux grands lieux marials de Marseille, la cathédrale de la Major et la basilique Notre-Dame-de-la-Garde. Ou le pasteur presbytérien Marcelo Figueroa, que son ami le pape François a nommé rédacteur en chef de l’édition argentine de L’Osservatore Romano. Eh oui, un protestant au journal du Vatican ! Moins connus, une journaliste orthodoxe qui travaille pour une agence de presse catholique à Rome, une catholique qui a été responsable des relations publiques d’une Église protestante canadienne, et chez nous, ces prêtres, pasteurs et laïques de différentes Églises qui collaborent dans leur milieu toute l’année, pas seulement une semaine au mois de janvier…
On ne perd rien à s’intéresser à l’autre. Au contraire, en connaissant mieux ce qu’il croit, on comprend mieux sa propre tradition confessionnelle. Diversité n’est pas synonyme de division. L’unité des chrétiens, qui est un commandement du Seigneur et non une option (« Que tous soient un », Jean 17,21), est possible dans la diversité. Chaque fois que les chrétiens sont désunis, nous sommes tous plus faibles et moins crédibles. Pensons-y dans quelques semaines quand nous prierons pour l’unité.
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Le reportage sur la santé mentale des prêtres paru dans notre numéro d’octobre mentionne l’abbé « Éloi Girard ». Il aurait plutôt fallu lire « Giard ». Nos excuses pour cette erreur.
Et en novembre dernier, nous avons publié en page 17 une photo de la statue de la Vierge de Judée qui se trouve à l’abbaye Val-Notre-Dame. Cette statue provient des artisanats des Moniales de Bethléem, à Chertsey.
Stéphane Gaudet
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