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ÉLISABETH MORIN

ÉLISABETH MORIN

De l’athéisme au christianisme

De l’athéisme au christianisme

ENTREVUE par Stéphane Gaudet

          SEPTEMBRE 2022

PHOTO : STÉPHANE GAUDET

Non croyante et antireligieuse au moment de son embauche il y a trois ans, Élisabeth Morin a découvert la foi chrétienne grâce à son travail au Sanctuaire. Aujourd’hui, à 27 ans, elle développe sa relation avec Jésus et Marie.

Est‐ce que la religion a fait partie de la vie dans ton enfance ?

Absolument pas. On allait aux messes de Noël et de Pâques par tradition familiale. Mes parents ne sont pas croyants et ne m’ont pas inculqué la foi. La seule chose religieuse qu’il y avait chez nous, c’était un Sacré-Cœur en carton qu’on mettait au-dessus des portes. Ça venait de ma grand-mère, la seule personne croyante de ma famille.

J’ai étudié en théâtre, j’ai fait tout mon parcours pour devenir comédienne. La vie m’a plutôt amenée à travailler dans tout autre chose. Le théâtre est un domaine difficile alors que j’ai besoin de stabilité (je suis maman).

Qu’est‐ce qui t’a amenée à postuler dans un sanctuaire catholique alors que tu n’avais pas de bagage religieux ?

J’étais très malheureuse dans mon emploi en informatique. Tout était axé sur la seule performance, c’était très déshumanisant. On n’avait jamais le droit à l’erreur. Ni le droit d’être fatiguée en fin de journée. Il fallait que je trouve quelque chose qui cadre plus avec qui je suis comme personne.

Pendant tout un été, j’ai vu souvent passer l’offre d’emploi du Sanctuaire en philanthropie. Puis je l’ai regardée de plus près. Je connaissais le Sanctuaire pour être venue souvent marcher dans les jardins. Je me disais en lisant la description du poste : « Me semble que je pourrais être bonne là-dedans. » Il y avait l’aspect religieux, mais ça, personne n’avait à savoir que je n’étais pas croyante, ce n’est pas un prérequis pour travailler ici.

Tu ne te considérais pas catholique.

Plutôt le contraire, une athée très convaincue, antireligieuse. Je ne voulais rien savoir de ça ! Je me disais plus spirituelle que religieuse. Je croyais en quelque chose, je ne savais pas quoi, mais je me disais que c’est impossible que la réalité soit seulement ce qu’on voit. Il y a trop de hasards dans la vie pour qu’il n’y ait pas quelque chose d’autre.

J’ai postulé pour voir ce que ça allait donner. L’entrevue s’était très bien passée. Dès le lendemain, on me disait que j’étais embauchée si je le souhaitais. Et deux semaines plus tard, à la mi-septembre 2019, je commençais à travailler au Sanctuaire.

Ça ne te dérangeait pas de travailler dans une institution religieuse ?

Non, je me disais que le travail, c’est le travail. Ma vie personnelle ne concerne pas le bureau, ma vie de bureau ne concerne pas ma vie personnelle. J’étais ici pour travailler et accomplir un mandat, après je rentrais chez moi faire autre chose. Personne au Sanctuaire n’a eu de préjugés contre moi ou ne m’a pointée du doigt.

Ton attitude face au christianisme a changé en travaillant au Sanctuaire. Comment cela s’est‐il passé ?

C’est grâce aux recherches que j’ai faites dans le cadre de mon travail. Je dois monter des profils philanthropiques, notamment sur les communautés religieuses. Avant d’aller à la rencontre de celles-ci pour qu’elles participent à la mission du Sanctuaire, il faut que je les connaisse, que je m’imprègne de leur esprit. Au fil de mes recherches, à côtoyer des oblats ici au Sanctuaire, à écouter les gens parler… Par curiosité, j’ai assisté à des rencontres hebdomadaires où l’on discutait de passages de l’Évangile. Tout ça m’a travaillée, m’a fait découvrir une foi que je ne connaissais pas. J’ai découvert que la relation avec le Seigneur est quelque chose de très personnel; ce n’est pas parce que j’ai fait des erreurs dans la vie ou que je ne vais pas à l’église tous les dimanches que je ne suis pas aimée inconditionnellement.

Le moment où j’ai vraiment eu une révélation, c’était pendant le Festival de l’Assomption 2020, en pleine pandémie. Je faisais de la surveillance à l’entrée du Petit Sanctuaire. Une fois, en milieu d’après-midi, j’étais toute seule. Je regardais la statue de Notre-Dame du Cap et je me suis mise à pleurer. Je me disais : « Comme maman, je veux être à l’image de Marie.  » C’est-à-dire : être toujours dans l’amour. C’est vraiment à ce moment-là que je me suis sentie proche de la mère de Jésus.

Quelle image as‐tu de Marie ?

Une mère qui est toujours dans l’acceptation que notre enfant, peu importe ce qu’on veut pour lui, fera ultimement son propre chemin. La seule chose qu’on peut faire, c’est d’être là, de l’accompagner. Il n’y a rien de mieux qu’une mère pour s’approcher de son enfant, alors je me suis dit qu’en apprenant sur Marie, j’en apprendrais plus sur le Christ aussi.

Crois‐tu être devenue une meilleure mère depuis ?

Absolument. Avant de m’énerver pour de petites choses du quotidien, je prends une grande respiration et demande au Seigneur de m’aider à avoir de la patience. Avant, j’aurais levé le ton. Maintenant, je me dis qu’il y a pire dans la vie et demande l’aide du Seigneur. Je prie beaucoup pour mon fils, chose que je n’aurais jamais pensé faire auparavant. Une des meilleures façons d’aimer, c’est de prier pour la personne. Prier pour qu’elle ait tout ce dont elle a besoin tant sur le plan physique qu’émotif.

Qu’est‐ce que la prière t’apporte ?

Avoir l’impression qu’on n’est jamais complètement seule. Dans notre monde, tout est devenu tellement individualiste… Savoir que quelqu’un est là pour nous constamment, même si on n’a pas les réponses toujours tout de suite, et qui nous aime plus qu’on ne pourra jamais aimer. La prière est un contact direct avec cet Amour. C’est rassurant.

Quelles sont les tâches dans ton travail ?

Mon titre, c’est: agente au développement philanthropique. Pendant la pandémie, j’ai fait beaucoup de mises à jour de nos dossiers de donateurs. Je travaille aussi en ce moment à développer les liens avec les acteurs du milieu, qu’il s’agisse des organismes du Bas-du-Cap ou des institutions de l’agglomération de Trois-Rivières.

C’est créer des liens, pas seulement solliciter des dons.

Exactement. Le côté humain est très important pour moi. Si c’était juste une question de cold hard cash, je ne ferais pas ce travail.

C’est créer des liens, pas seulement solliciter des dons.

Exactement. Le côté humain est très important pour moi. Si c’était juste une question de cold hard cash, je ne ferais pas ce travail.

« J’ai l’impression que ce que je fais, c’est pour servir la mission du Seigneur ici. Parce que si ce n’était du Sanctuaire, des gens comme moi qui étaient complètement opposés à la religion ne découvriraient jamais la foi chrétienne. »

PHOTO : STÉPHANE GAUDET

Es‐tu à l’aise de fréquenter le Sanctuaire comme croyante même si c’est ton lieu de travail ?

Tout à fait. J’amène mon fils ici. Pendant le Festival de l’Assomption, on va aux messes. Il m’arrive d’aller me recueillir, de profiter de la quiétude des lieux pour faire le point. Je me sens en sécurité, car si je fais confiance au Sanctuaire pour mes journées de travail, pourquoi je ne lui ferais pas confiance pour ma vie de foi ?

Mon fils adore venir ici. À sept ans, il se cherche un peu et c’est normal. Une journée, il veut être mécanicien, le lendemain, il veut être un prêtre et travailler au Sanctuaire. Il aime venir à la basilique, où il « parle à Jésus dans son cœur », comme il dit. Il a une vie intérieure importante. Parfois, c’est lui qui me demande de venir parce qu’il veut « dire salut à Jésus ». On chemine beaucoup ensemble là-dedans.

As‐tu maintenant l’impression, plus qu’au départ, que tu travailles pour le Seigneur ?

Bien sûr, j’ai besoin d’une paye pour vivre, mais j’ai l’impression que ce que je fais, c’est pour servir la mission du Seigneur ici. Parce que si ce n’était du Sanctuaire, des gens comme moi qui étaient complètement opposés à la religion ne découvriraient jamais la foi chrétienne. Si ça m’est arrivé à moi, c’est sûr que ça arrive aussi à d’autres. Sans lieu comme le Sanctuaire, avec des religieux comme les Oblats qui sont tellement disponibles et tellement ouverts d’esprit, on resterait dans des pensées archaïques et rien ne pourrait évoluer. Le Sanctuaire, c’est un lieu important, et pas juste sur le plan culturel ou historique.

Quelle relation as‐tu avec les Oblats ?

Je les adore ! Ils sont tellement gentils, tellement humains… Ce sont des hommes qui ont une histoire incroyable à raconter.

Qu’as‐tu à dire à ceux et celles qui vivent une expérience semblable à la tienne ?

Le plus important dans une démarche de conversion, c’est de ne jamais cesser d’être curieux. Si on se ferme en se disant « j’en sais assez » ou « je suis bien dans mes pensées, dans ma façon de vivre ma foi », on ne peut plus avancer.

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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