Dans sa lettre Desiderio Desideravi du 29 juin 2022, le pape François parle de l’eucharistie comme d’un précieux trésor et invite à se donner de la formation pour en mieux saisir la beauté et la vérité. Ces articles ont voulu y contribuer en aidant à mieux comprendre les lieux de nos célébrations. Mais ces lieux – nos églises – sont de plus en plus menacés de vente, de recyclage ou pire, d’abandon et de démolition. Serait-ce la perte annoncée de notre précieux trésor ? Ou au contraire, une grâce ?

Dans un article du numéro d’octobre 2022 au titre provocateur « Des églises à vendre … non les communautés », Normand Provencher rappelle que « l’Église est née et s’est développée sans construire d’édifices dédiés à la célébration de la messe et des sacrements ». La raison en est simple, saint Paul disait : « Le temple, c’est vous » (1 Corinthiens 3,17).

Des pierres vivantes

Il y a aussi les propos de saint Pierre qui, dans sa première lettre, se fait encore plus explicite : « Vous êtes des pierres vivantes » (1 Pierre 2,5). Mais depuis tant d’années nous prions dans des temples de pierre et de bois au point d’oublier le sens profond et engageant de telles affirmations. L’occasion nous est offerte de se les réapproprier. Le temps est venu de redécouvrir le sens véritable du mot « communauté », d’autant plus que celles qui nous rassemblent sont de plus en plus réduites, donc intimes et fraternelles.

Place à la créativité

Alors, au lieu des regrets, si on créait, si on expérimentait, si on apprenait à mieux habiter les espaces neutres qui sont mis à notre disposition pour célébrer l’eucharistie ou une liturgie de la Parole ? Je pense aux salles multifonctionnelles des RPA, aux sacristies ou même à des sous-sols où l’on trouve refuge. Or, qui sont ces personnes qui répondent à l’appel de la prière ? Ce sont ces pierres vivantes qui par leur présence physique peuvent déjà définir et créer le temple saint évoqué par saint Paul. Ces personnes rassemblées au nom du Seigneur sont à même de dessiner un espace permettant à la Présence d’advenir. Elles construisent un véritable sanctuaire où la table de la Parole et celle de l’eucharistie sont en dialogue, où la personne qui préside fait corps avec la communauté qui prie.

Il y va de la vérité des gestes liturgiques tout autant que de leur beauté. Même dans une salle quelconque, la seule façon de disposer les chaises autour ou devant la table qui sert d’autel traduit déjà notre compréhension du mot « communauté ». Et si simplement cela aidait à en vivre mieux, à faire Église, à le faire avec le langage du corps ?