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François accélère la cadence

ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef

          Octobre 2023

«  Ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression.  »
– Frédéric Dard

Dans l’avion qui le ramenait de Mongolie début septembre, le pape François confiait aux journalistes qu’il lui était de plus en plus difficile de voyager et de marcher. Interrogé sur un éventuel voyage au Vietnam, il a répondu à la blague, évoquant son successeur, « si je n’y vais pas, ce sera Jean XXIV qui ira ». Ses déplacements se feront désormais plus rares. Hospitalisé deux fois en début d’année, le pape aura 87 ans le 17 décembre prochain.

Conscient d’être arrivé au crépuscule de son pontificat, François accélère la cadence de celui-ci. Le 1er juillet, il a nommé l’évêque argentin Victor Manuel Fernández à la tête du puissant dicastère pour la Doctrine de la foi. Dans La Croix, Loup Besmond de Senneville a qualifié cette nomination de « rupture ». Pour Richard Gaillardetz du National Catholic Reporter, il s’agit de la plus importante nomination du pontificat de François. C’est que dans sa lettre publique annonçant à Mgr Fernández sa nomination comme préfet, le pape écrit que le dicastère « a connu d’autres époques où il a utilisé des méthodes immorales. Il s’agissait d’époques où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, on poursuivait d’éventuelles erreurs doctrinales. Ce que j’attends de vous est certainement très différent. » Le pape charge le nouveau préfet d’encourager le dialogue théologique, reconnaissant qu’il ne convient pas d’imposer une manière unique d’exprimer la vérité. Changement radical, le pape ne veut plus d’un «gardien du dogme» qui contrôle et condamne. C’est là une toute nouvelle conception du rôle de préfet de ce dicastère.

Cette nomination n’a pas manqué de susciter des critiques parfois virulentes de la part des anti-François. Qu’à cela ne tienne, une semaine plus tard, le 9 juillet, le pape annonçait la création de nouveaux cardinaux lors d’un consistoire le 30 septembre. Ce sont tous des hommes de terrain issus des périphéries et en phase avec la « ligne Bergoglio », c’est-à-dire les orientations réformatrices du pape. Si on ne peut rien supputer du choix du futur conclave, il est toutefois difficile de ne pas voir dans ces nominations une volonté chez François de s’assurer que ses réformes seront irréversibles, quel que soit le successeur qu’on lui choisira.

On devrait donc assister au cours de cette dernière période du pontificat à un renforcement de son caractère « bergoglien » : synodalité et lutte contre le cléricalisme, dialogue entre théologie et modernité, accent mis sur les questions sociales et l’idée que la réalité vécue par les gens est supérieure à la doctrine. Élu pour changer l’Église, le pape François demande souvent qu’on prie pour lui. Il en a certainement besoin pour cette fin de règne.

Stéphane Gaudet
redaction@revue-ndc.qc.ca


« Ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression. »
– Frédéric Dard

Dans l’avion qui le ramenait de Mongolie début septembre, le pape François confiait aux journalistes qu’il lui était de plus en plus difficile de voyager et de marcher. Interrogé sur un éventuel voyage au Vietnam, il a répondu à la blague, évoquant son successeur, « si je n’y vais pas, ce sera Jean XXIV qui ira ». Ses déplacements se feront désormais plus rares. Hospitalisé deux fois en début d’année, le pape aura 87 ans le 17 décembre prochain.

Conscient d’être arrivé au crépuscule de son pontificat, François accélère la cadence de celui-ci. Le 1er juillet, il a nommé l’évêque argentin Victor Manuel Fernández à la tête du puissant dicastère pour la Doctrine de la foi. Dans La Croix, Loup Besmond de Senneville a qualifié cette nomination de « rupture ». Pour Richard Gaillardetz du National Catholic Reporter, il s’agit de la plus importante nomination du pontificat de François. C’est que dans sa lettre publique annonçant à Mgr Fernández sa nomination comme préfet, le pape écrit que le dicastère « a connu d’autres époques où il a utilisé des méthodes immorales. Il s’agissait d’époques où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, on poursuivait d’éventuelles erreurs doctrinales. Ce que j’attends de vous est certainement très différent. » Le pape charge le nouveau préfet d’encourager le dialogue théologique, reconnaissant qu’il ne convient pas d’imposer une manière unique d’exprimer la vérité. Changement radical, le pape ne veut plus d’un «gardien du dogme» qui contrôle et condamne. C’est là une toute nouvelle conception du rôle de préfet de ce dicastère.

Cette nomination n’a pas manqué de susciter des critiques parfois virulentes de la part des anti-François. Qu’à cela ne tienne, une semaine plus tard, le 9 juillet, le pape annonçait la création de nouveaux cardinaux lors d’un consistoire le 30 septembre. Ce sont tous des hommes de terrain issus des périphéries et en phase avec la « ligne Bergoglio », c’est-à-dire les orientations réformatrices du pape. Si on ne peut rien supputer du choix du futur conclave, il est toutefois difficile de ne pas voir dans ces nominations une volonté chez François de s’assurer que ses réformes seront irréversibles, quel que soit le successeur qu’on lui choisira.

On devrait donc assister au cours de cette dernière période du pontificat à un renforcement de son caractère « bergoglien » : synodalité et lutte contre le cléricalisme, dialogue entre théologie et modernité, accent mis sur les questions sociales et l’idée que la réalité vécue par les gens est supérieure à la doctrine. Élu pour changer l’Église, le pape François demande souvent qu’on prie pour lui. Il en a certainement besoin pour cette fin de règne.

Stéphane Gaudet
redaction@revue-ndc.qc.ca


Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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