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La beauté dans l’imperfection

SOURCES D’INSPIRATION par Annie Gilbert

          AVRIL 2024

Lors de mes balades en forêt, mon regard est souvent attiré par les arbres difformes, écorchés et parsemés de nœuds. En admirant ces géants enracinés, je devine leurs combats contre vents et tempêtes. Quant à ceux qui sont tordus, ils racontent leurs formidables victoires devant l’adversité. Parmi ces feuillus et ces conifères, les plus insolites réussissent à se tailler une place dans mes albums-photos, signe que la beauté se trouve parfois dans l’imperfection !

À l’image de ces arbres, nous sommes tous, un jour ou l’autre, blessés par les expériences douloureuses de la vie. Les ruptures, maladies, deuils et traumatismes qui accompagnent l’aventure humaine peuvent nous briser et laisser des cicatrices. Celles-ci témoignent de notre résistance et de notre lutte pour nous tenir debout. Ce type de métaphore m’aide à approfondir le concept abstrait de la résilience, soit la capacité à surmonter les événements déstabilisants de notre existence.

L’ART DU KINTSUGI

Dans le même ordre d’idées, lors d’une lecture à propos du travail nécessaire à la guérison des traumas, j’ai fait une découverte inspirante : le kintsugi, aussi appelé kintsukuroi. Il s’agit d’un art traditionnel japonais qui consiste à restaurer des poteries cassées au lieu de les jeter aux rebuts. Grâce à cette technique ancestrale et écologique, les différents morceaux d’un objet endommagé sont réunis et minutieusement collés avec de la résine de laque. Un tel colmatage des brèches demande temps et précision de la part de l’artisan. Lors des dernières étapes de la restauration, au lieu de masquer les fêlures, celles-ci sont mises en valeur avec de la poudre d’or, d’argent ou de platine (photo). Ainsi, le kintsugi rehausse l’élégance des poteries abîmées, elles deviennent alors encore plus précieuses qu’au moment où elles étaient intactes.

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PHOTO : ISTOCKPHOTO.COM/MARCO MONTALTI

VALORISER NOTRE VASE D’ARGILE

Tout humain est fragile, portant en lui un trésor comme dans un vase d’argile (2 Corinthiens 4,7). Il n’est pas étonnant, alors, de sentir que certaines blessures émotionnelles nous donnent l’impression de ressembler à une porcelaine brisée, éparpillée, comme les pièces d’un puzzle à reconstruire. La méthode du kintsugi nous invite à recueillir toutes les pièces de notre for intérieur fracassé par la vie et, avec patience, à juxtaposer harmonieusement les morceaux les uns aux autres. Pour ce faire, la participation des artisans du monde émotionnel (psychologues, thérapeutes, etc.) est parfois nécessaire. Ils nous aident à déployer les meilleures stratégies de guérison et à découvrir notre or intérieur, celui-là même qui servira à valoriser nos fêlures au lieu de les dissimuler. Ainsi, les dorures raconteront un chapitre de notre histoire, prouvant que nous avons surpassé nos difficultés.

En cherchant à réunifier notre être, à le consolider et à utiliser la richesse de nos ressources, il est possible de valoriser notre vase d’argile et de le transformer en un chef-d’œuvre surprenant, un kintsugi vivant !

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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