La joie, une énergie renouvelable
LE CRI DE LA TERRE par Carl Tournier
JUILLET-AOÛT 2022

Qui dit été dit souvent vacances, avec tout le repos qui vient avec. La nature, de son côté, ne chôme pas puisque c’est une saison d’intensité biologique (les plantes poussent, de nouvelles générations d’animaux naissent). Cependant, même durant la période estivale, nos modes de vie ne permettent souvent pas à l’environnement de faire une pause et nous pouvons nous interroger : comment mieux faire notre part ? Et si le saint patron des écologistes François d’Assise pouvait nous enseigner quelque chose à ce sujet ?
Opérer un changement
Depuis plusieurs années, nous sommes amenés à changer nos habitudes de vie même si, selon plusieurs, elles ne changent pas assez rapidement – consommer moins de combustibles fossiles, d’objets à usage unique, de viande, bref, consommer moins. Lorsqu’on se penche sur le mode de vie du poverello d’Assise, on peut observer qu’il a été aux antipodes du nôtre : il vivait à une époque où l’abondance n’était réservée qu’aux riches, mais aussi parce qu’il avait fait le choix de vivre pauvrement. Au-delà des époques, le saint nous indique sûrement une clé afin d’opérer un changement écologique: la joie.
Qu’est-ce que la joie peut bien faire pour opérer un changement de la sorte ? La joie dont on parle ici est une joie profonde, celle qu’on peut trouver dans le cœur et qui rend grâce pour tout. Non pas une joie éphémère qui ne repose que sur des satisfactions de consommation de biens, par exemple, mais une joie donnée par plus grand que soi, en soi. On parle aussi de gratitude aujourd’hui, ou de « rendre grâce » dans le langage chrétien. Saint François rendait grâce à Dieu pour Sœur Lune, Frère Soleil et portait sa tunique en bure rapiécée… avec joie.
Rendre grâce
Pourrions-nous rendre grâce pour ce que nous avons déjà, et non nous plaindre de ce que nous n’avons pas ? Par exemple, rendre grâce pour les petits producteurs locaux au marché; rendre grâce pour le parc que j’ai près de chez moi; goûter la joie de réparer un appareil domestique afin de prolonger sa vie utile. Faire pousser un arbre ou rendre grâce à l’asclépiade incarnate (photo) qui nous donne des fleurs superbes, offre le nectar aux butineurs et la nourriture pour les chenilles de papillons monarques. Nous avons des centaines d’exemples au quotidien.
Il y a ceux qui militent ou qui s’impliquent activement afin de faire en sorte que notre rapport à l’environnement s’en trouve amélioré. D’un autre côté, la joie pourrait être aussi un moyen de diminuer notre empreinte environnementale et de tendre vers une joyeuse décroissance salvatrice. Il ne s’agit pas ici d’imiter le dépouillement extrême du saint, mais peutêtre d’incarner un peu plus ce don intarissable de Dieu?