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La spiritualité du changement

LA FOI EN QUESTIONS par Normand Provencher o.m.i.

          SEPTEMBRE 2022

PHOTO : MEDIA WHALE STOCK/SHUTTERSTOCK.COM

L’Église d’ici change à vue d’œil. À la suite du concile Vatican II (1962-1965), elle s’est donnée un nouveau visage. J’ai peine à reconnaître l’Église de mon enfance dans celle d’aujourd’hui. Que de changements dans les pratiques pastorales et liturgiques et aussi dans la réflexion théologique ! Les exemples ne manquent pas : prêtres plus âgés et moins nombreux; laïques, hommes et femmes, qui président la « Liturgie de la Parole » le dimanche, baptisent, distribuent la communion et exercent des fonctions réservées autrefois aux prêtres; plusieurs églises démolies ou en vente. Et c’est toujours l’Église fondée sur les apôtres qui traverse des changements imprévus il y quelques décennies. Professeur de théologie à l’université de 1965 à 2016, j’étais loin de donner les mêmes contenus de cours durant les dernières années d’enseignement. La réflexion théologique est toujours nécessaire, mais elle n’est plus réservée aux candidats à la prêtrise et elle s’adapte aux nouvelles méthodes de recherche. Même à Rome, les choses changent avec le pape François, qui met en œuvre des nouvelles manières de gouverner et d’exprimer le message évangélique. Avec le chantier de la synodalité, il faut nous attendre à des changements.

La vie, une suite de changements

Il n’y a pas de vie sans continuité et changements. Ils sont inévitables et bienfaisants : de l’adolescence à la maturité, de la vie en pleine forme à la vieillesse et puis à la mort, qui inaugure une autre manière de vivre pour toujours avec Dieu. Refuser les changements conduit à la régression et à la sclérose de l’existence. Il en est ainsi pour l’Église qui a beaucoup changé tout au long de son histoire, même si souvent elle n’ose pas le reconnaître. Elle doit donc accepter de quitter ses cénacles pour devenir un grand peuple en marche, réunissant des baptisés de partout et de toutes les couleurs. Pas d’avenir pour l’Église sans changer de lieux, de langues et de gouvernance. À la suite du Christ, de qui elle tire ses origines et son identité, elle ne cesse de naître, de se développer, de vivre des déclins, de mourir et de ressusciter. Dans tous ces changements, Dieu réalise son projet de salut de toute l’humanité.

Dans la dynamique pascale

Jésus a vécu plusieurs changements. Lui, le Fils de Dieu depuis toujours, devient l’un de nous dans le temps. Durant son ministère, il a connu l’accueil et l’enthousiasme des foules puis le rejet, la mort sur la croix et la résurrection au matin de Pâques. Il n’y a pas de changement plus radical que celui de la résurrection: passage de la haine et de la mort à la plénitude de l’amour et de la vie. Il en est ainsi pour l’Église, qui ne peut pas accepter de s’installer une fois pour toutes, mais de vivre des morts et des résurrections. Tout refus de changer ses institutions, ses rites, sa gouvernance, son discours relève d’un manque de confiance en la force de Dieu « qui fait vivre les morts et appelle à l’existence ce qui n’existe pas » (Romains 4,17). Le refus de changer et le soupçon à l’égard du nouveau sont concrètement un oubli de la résurrection de Jésus et du don de l’Esprit Saint, le grand Vent de Dieu qui fait toutes choses nouvelles et qui sait où diriger l’Église pour qu’elle soit fidèle à sa mission.

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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