Les non-croyants et les distants
ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef
Mai 2023
Partout en Occident comme chez nous, les statistiques sont sans équivoque : les chrétiens deviennent minoritaires et la proportion des personnes sans appartenance religieuse est en croissance constante. Cependant, si les gens d’aujourd’hui s’éloignent de la religion, beaucoup croient néanmoins à une vie après la mort, à une force supérieure (que certains osent même appeler Dieu)… mais ils le font à l’écart des Églises et des religions établies. Ces sans-religion ne sont pas nécessairement incroyants, mais peut-être plutôt « distants ».
Pour survivre à ce changement sociologique fondamental, les sanctuaires devront exister aussi pour ces personnes. Comme le disait un ancien recteur, ce n’est pas uniquement avec des messes et des chapelets que le Sanctuaire intéressera de nouveaux publics. Le sanctuaire de Marie fait déjà du bien aux non-croyants et distants qu’on rencontre sur les lieux.
Ainsi, des personnes qui se disent non croyantes viennent quand même au Sanctuaire de temps à autre pour y allumer un lampion. Pendant Noël en lumière, j’ai vu de jeunes enfants entrer dans la basilique et s’émerveiller devant l’immensité de ce lieu où ils n’avaient jamais mis les pieds. Peu avant Pâques, l’événement Coco 3R amène des familles. La « Randonnée spirituelle » (page 8 de ce numéro) est un bon exemple de contenu qui nourrit autant les croyants et pratiquants que les personnes des « périphéries ».
La Boutique du Sanctuaire vend des produits du terroir et de la sauce à spaghetti ? Il n’y a pas de quoi s’indigner. Elle continue de vendre aussi chapelets, images, médailles… Pourquoi cette pensée binaire, comme si l’un empêchait l’autre? Viser un public plus large ne se fait pas « à la place de » ce qui nourrit les pèlerins traditionnels, mais « en même temps que ». Et quand on rétorque que certaines choses ne conviennent pas à « l’esprit du lieu », il semble souvent qu’on fasse référence à la perception du lieu telle qu’elle était en 1953 plutôt qu’en 2023…
Dans son motu proprio sur les sanctuaires, le pape François écrivait :
Ces lieux, malgré la crise de la foi qui investit le monde contemporain, sont encore perçus comme des espaces sacrés vers lesquels les pèlerins vont pour trouver un moment de repos, de silence et de contemplation dans la vie souvent frénétique de notre époque. Un désir caché fait ressortir chez beaucoup la nostalgie de Dieu : et les sanctuaires peuvent être un véritable refuge pour se redécouvrir soi-même et retrouver la force nécessaire pour sa propre conversion (Sanctuarium in Ecclesia, 3).
Les non-croyants et distants se convertiront-ils ? Cela ne nous regarde pas. Qui sait ce qui peut se passer entre une âme et Dieu après la visite d’un sanctuaire ? Dans tous les cas, la revue Notre-Dame-du-Cap appuie sans réserve les efforts d’ouverture du Sanctuaire à une audience plus vaste et souhaite y contribuer.
Stéphane Gaudet
redaction@revue-ndc.qc.ca