Notre thermostat intérieur
CULTIVER LE MIEUX-ÊTRE par Ghislain Bédard
MARS 2023
Qu’on se le dise, la psychologie positive n’est pas synonyme de « pensée positive ». Il ne s’agit pas de mettre des lunettes roses et de nier ce qui va mal, bien qu’entretenir une pensée plus positive avec discernement puisse aider à envisager les choses sous un meilleur angle. La psychologie positive propose plutôt de s’outiller le mieux possible pour cultiver le mieux-être et, ainsi, mieux parer aux coups, quand ils adviennent. La vie a ses hauts et ses bas, bien sûr. Mais on pourra affirmer, pour employer une métaphore, qu’un déboursé imprévu – un électroménager qui lâche ! – aura moins d’impact sur sa santé financière si on a 100 000 $ d’épargne plutôt que 2000 $, non ? Il en est de même avec notre bien-être : nous pouvons apprendre à garnir notre « compte d’épargne » émotionnel pour envisager la vie avec moins d’insécurité, si on peut dire. Et mieux réagir. Pour ce faire, au départ, il faudra certains efforts, comme s’exercer à sortir d’une attitude de victimisation ou de l’apitoiement.
Suis-je apte au bonheur ?
Certains sont-ils désavantagés en ce domaine ? Peut-on être moins apte au bonheur que d’autres ? La chercheuse russo-américaine Sonja Lyubomirsky, spécialisée en neuropsychologie, s’est intéressée aux facteurs qui influencent ce qu’elle appelle notre « niveau de bonheur chronique », c’est-à-dire le niveau de bonheur qu’on maintient en soi la plupart du temps, peu importe ce qu’on vit. Notre thermostat intérieur est-il réglé à 16 ou à 25 oC ? Malgré les moments euphorisants ou les légères déprimes qui jalonnent nos vies, l’équilibre aura tendance à revenir au même niveau, différent pour chacun.
Quels sont ces facteurs qui influencent notre niveau de bonheur chronique ? Selon ses recherches, 50 % seraient liés à notre bagage génétique. Autrement dit, si vous êtes nés dans une famille de grincheux, il y a de fortes chances que vous développiez la même attitude. De même, 10 % seulement de ces facteurs sont associés aux conditions de vie : notre revenu, notre travail, avec qui nous vivons, notre habitat, etc. Bref, celles-ci ne pèsent pas lourd dans la balance. Surprenant, non ?
Ce sur quoi j’ai du pouvoir
Même si certains peuvent sembler défavorisés, la bonne nouvelle est que 40 % de ces facteurs contribuant au bonheur sont en réalité tributaires d’« activités volontaires » : ce que je vais choisir de faire ou de penser pour aller mieux. C’est cette large tranche de tarte qui nous intéresse donc. En misant sur cette panoplie d’activités volontaires menées au quotidien, nous pouvons agir et modifier sensiblement notre niveau de bonheur, peu importe où il se situe au départ. N’est-ce pas merveilleux ? Quels sont ces moyens à mettre en œuvre ? À suivre dans les prochains articles.
Petit devoir du mois : quels sont ces choix ou ces actions que je peux privilégier pour favoriser mon mieux-être ?