Que ton rêve arrive !
UN AMOUR QUI LIBÈRE par Bernard Ménard, o.m.i.
NOVEMBRE 2024
Novembre, mois du grand dépouillement dans la Nature. « Les nids sont vides et décousus, le vent du Nord chasse les feuilles », chante Félix. Au Québec, l’Église vit des dépouillements majeurs : passage d’une Église omniprésente à l’Église mise au rancart, appauvrie de surcroît par ses propres scandales.
Plutôt que de déplorer ces côtés déprimants, j’ai préféré décrire, depuis janvier, ce qui fonde une communauté de disciples du Ressuscité, en passant de la religion par peur et obligation à la foi-communion au Tout-aimant. Elle seule nous rend vraiment libres.
Et si l’effondrement actuel était une Bonne Nouvelle ? Comme le furent la destruction du Temple et la déportation au temps des prophètes Jérémie (31,33-34) et Ézéchiel (36,26). « Je conclurai une alliance nouvelle, écrite dans leurs cœurs. » « Je leur donnerai un esprit nouveau. » Ce qui a préparé le terrain pour la venue du Fils et de l’Esprit parmi nous. Comme aussi les écroulements de l’Église médiévale, au temps de Dominique et de François. « Rebâtis mon Église. » Ce qu’ils ont accompli en répandant la Parole et la joie d’une vie pauvre.
AUJOURD’HUI, QUE FAIRE ?
Avant tout, regarder les faits dévastateurs bien en face, pour reconnaître et réparer – si possible – les blessures causées aux plus fragiles. En même temps, devenir la communauté de disciples nourrie de l’Évangile et tournée vers les marginalisés que fabrique notre société individualiste et mercantile.
Cette conversion est-elle possible, alors que nous sommes nous-mêmes blessés, parfois découragés ? D’où peut venir notre espérance, sans laquelle nous n’aurons ni le goût ni la force d’entreprendre les changements requis ? L’espérance trouve sa source dans la fidélité de Dieu à ses promesses: « Même s’il se trouvait une femme à oublier son nourrisson, moi, jamais ! » (Isaïe 49,15). « Je suis avec vous chaque jour », lance Jésus comme dernière parole en quittant la terre (Mathieu 28,20). De quoi il rêve, Dieu, pour s’engager ainsi envers nous ?
DES RÊVES DE DIEU POUR L’ÉGLISE D’ICI ?
Y a-t-il des changements déjà amorcés qui ouvrent le chemin à l’Église que Dieu veut ?
Quand elle perd de son prestige et devient une Église appauvrie plus proche des appauvris que des puissants, que ton rêve arrive.
Quand des croyants engagent leur foi davantage dans des actes de justice et de solidarité que dans les seuls actes de piété, Toi qui nous as révélé que le jugement final portera sur des gestes d’entraide et de compassion, que ton rêve arrive.
Toi qui as proclamé le temps venu d’adorer le Père « en esprit et en vérité », au-delà des murailles élevées entre traditions religieuses, que ton rêve arrive.
Quand nous osons dénoncer tout abus de pouvoir, Toi qui as horreur de la manipulation et du mensonge, surtout à l’égard des petits, que ton rêve arrive.
Toi venu manifester la tendresse du Père pour tous ses enfants, sans exclusion, quand nos cœurs s’ouvrent aux gens « différents », que ton rêve arrive.
Et quand nous apprenons à marcher ensemble, en égale dignité de baptisés, femmes et hommes, que ton rêve nous remplisse d’audace pour façonner l’Église nouvelle !
Quels changements d’attitudes ces neuf articles ont-ils provoqué chez moi pour que je contribue à bâtir un climat d’amour et de liberté véritables dans mon entourage ?