Sainte Thérèse de Lisieux
MARIE VUE PAR… par Georges Madore, monfortain
MAI 2020
Thérèse Martin vit une enfance heureuse dans une famille où l’on prie chaque soir au pied d’une statue de la Vierge. À quatre ans, elle perd sa maman atteinte d’un cancer du sein. Lorsque sa sœur Pauline – sa «deuxième maman» – entre au Carmel, Thérèse tombe gravement malade. Elle est guérie le jour de la Pentecôte et attribua cette guérison à la Vierge Marie. Le 8 septembre 1890, fête de la naissance de la Vierge Marie, Thérèse prononce son engagement définitif au Carmel. Depuis lors, sa relation à la Vierge s’approfondit et l’accompagne dans ses souffrances et dans ses épreuves spirituelles les plus sombres. Elle voit en Marie l’exemple de l’âme qui cherche son Dieu «dans la nuit de la foi». Quelques mois avant sa mort, elle écrit sa dernière poésie: «Pourquoi je t’aime ô Marie». À une époque où on exaltait les «privilèges» de Marie, la petite Thérèse s’est nourrie plutôt de la présence discrète et humble de Marie dans les Évangiles.
Que j’aurais donc bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet. J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas… Pourquoi dire à propos des paroles prophétiques du vieillard Siméon que la Sainte Vierge, à partir de ce moment-là, a eu constamment devant les yeux la passion de Jésus? «Un glaive de douleur transpercera votre âme», avait dit le vieillard. Ce n’était donc pas pour le présent; c’était une prédiction générale pour l’avenir.
Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : «Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.»
(Carnet jaune, 21 août 1897)
Pourquoi je t’aime ô Marie
(extraits)
En méditant ta vie dans le saint Évangile
J’ose te regarder et m’approcher de toi.
Me croire ton enfant ne m’est pas difficile
Car je te vois mortelle et souffrant comme moi.
Je sais qu’à Nazareth, Mère pleine de grâces
Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus.
Point de ravissement, de miracle et d’extase
n’embellisse ta vie, ô Reine des élus!
Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.
Tu voulus le prouver en restant notre appui.