GÉRARD TESTARD
Un apôtre marial au service de la rencontre
ENTREVUE par Yves Casgrain
JUIN 2022

Il est rare de faire la connaissance d’un homme tel que Gérard Testard. Véritable feuille de route de l’entrepreneur par excellence, son curriculum vitae est impressionnant.

Il est rare de faire la connaissance d’un homme tel que Gérard Testard. Véritable feuille de route de l’entrepreneur par excellence, son curriculum vitae est impressionnant.
Pourtant, ce Français, maintenant père et grand-père, est né sur une ferme à la terre exsangue. Son paternel l’oblige à quitter les bancs d’école à 13 ans afin qu’il puisse l’aider. À 20 ans, Gérard Testard décide de poursuivre ses études. Sept ans plus tard, il devient directeur d’une institution formant des techniciens agricoles. Sa vie est belle. Ses patrons ont des plans pour lui. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Dieu et Marie lui feront signe et changeront toute sa vie.
« Ma vie a basculé!» C’est ainsi que Gérard Testard décrit l’effet fulgurant qu’a eu sur lui sa rencontre avec le Christ. Cela s’est passé lors d’une retraite spirituelle au sein de la Fondation pour un monde nouveau, petite communauté nouvelle. « Je l’ai rencontré comme une personne vivante. Cela a été très fort, car je me suis senti aimé comme jamais. À ce moment-là, une parole a monté en moi : “Si tu me suis, tu auras une fécondité de 100 pour un.” »
Dès lors, Gérard Testard abandonne son travail pour se consacrer totalement au Christ. « Je suis parti vivre dans cette communauté. »
Un jour, les membres découvrent que son fondateur mène une double vie. « Nous avons été obligés de nous en séparer très rapidement. » Bien que discrète, la communauté était connue par plusieurs évêques, jusqu’à Rome. « Ils ne voulaient plus entendre parler de nous. Beaucoup de permanents sont partis. J’ai décidé de continuer et de faire un acte de foi. »
Élu président de la Fondation pour un monde nouveau, il prend alors en main la destinée de la communauté. Il change son nom qui devient Fondacio. « Lorsque j’ai commencé à développer la communauté en 1991, nous étions présents dans huit pays. Lorsque j’ai quitté la présidence, 17 ans plus tard, soit en 2008, nous étions dans 25 pays. »
Au pied de la croix, Marie
Gérard Testard quitte donc ses fonctions et laisse sa place à un nouveau président. Ce dernier veut avoir les coudées franches pour mener à bien son mandat. « Il m’a écarté du siège social. » Avec lui, 19 autres membres qui y siégeaient ont connu le même sort. « Cela été une grande souffrance pour moi. Là, j’ai vécu une expérience de mort. Je me suis retrouvé au pied de la croix. »
Complètement effondré, Gérard Testard fait une découverte capitale pour le reste de sa vie. « Au pied de la croix, j’ai senti la présence de Marie. J’ai alors pris mon chapelet et je me suis mis à prier. Le chapelet, c’est la prière du vrai monde, du pauvre. Marie m’a pris sous ses ailes. Elle m’a montré à nouveau le Christ. Mon chemin de renaissance, il s’est fait avec Marie. Je suis devenu un grand marial. Ma prière avec Marie est une prière importante. »
Les organisations d’Église qui avaient tissé des liens avec Gérard Testard, alors qu’il était président de Fondacio, décident de maintenir avec lui leur relation de confiance bâtie au fil du temps. C’est ainsi qu’il se voit confier des mandats ecclésiaux. Il devient, entre autres, membre du conseil de l’Observatoire du pluralisme des cultures et religions et de l’organisme Ensemble pour l’Europe, qui rassemble 250 communautés nouvelles, catholiques ou protestantes.
Avec sa femme Marie-Madeleine, qui est née dans le même village que lui et qui est à l’origine de sa conversion, Gérard Testard poursuit son engagement de laïque au sein de l’Église. « Nous nous sommes investis, mon épouse et moi, dans un engagement commun. Nous savions que notre mariage était placé sous le signe de l’engagement missionnaire. »
Aller vers l’autre
Ce don de sa vie pour le Christ est soutenu par sa foi, centrale dans sa vie. « La foi c’est le véhicule que me conduit, qui me projette vers l’avant. La foi, c’est marcher dans la lumière. C’est par la foi que nous voyons. Nous devenons des voyants. Pour moi, croire et voir vont ensemble. »
En 2014, il fonde une nouvelle communauté qui porte le nom d’Efesia. Cette dernière est née à la suite de conversations entre laïques préoccupés par la montée des replis identitaires.
« Efesia a comme fondement la culture de la rencontre. Nous sommes dans une période où il y a des replis identitaires de toutes natures. Il y a une difficulté à aller vers l’autre. L’autre, c’est celui qui est différent et que l’on n’a pas envie de voir. C’est aussi l’immigré, le musulman. »
Cette nouvelle communauté est implantée dans huit pays. «Efesia est organisée en petites cellules, en petites fraternités. La spiritualité peut se résumer en trois points. D’abord la culture de la rencontre. Ensuite, prendre Marie chez soi. Nous avons donc une dimension mariale. Enfin, vivre l’amitié avec le monde, car nous sommes des laïques plein monde, c’est-à-dire que nous travaillons sur les enjeux du monde comme la pauvreté, l’éducation ou la paix. »
Pourtant, ce Français, maintenant père et grand-père, est né sur une ferme à la terre exsangue. Son paternel l’oblige à quitter les bancs d’école à 13 ans afin qu’il puisse l’aider. À 20 ans, Gérard Testard décide de poursuivre ses études. Sept ans plus tard, il devient directeur d’une institution formant des techniciens agricoles. Sa vie est belle. Ses patrons ont des plans pour lui. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Dieu et Marie lui feront signe et changeront toute sa vie.
« Ma vie a basculé!» C’est ainsi que Gérard Testard décrit l’effet fulgurant qu’a eu sur lui sa rencontre avec le Christ. Cela s’est passé lors d’une retraite spirituelle au sein de la Fondation pour un monde nouveau, petite communauté nouvelle. « Je l’ai rencontré comme une personne vivante. Cela a été très fort, car je me suis senti aimé comme jamais. À ce moment-là, une parole a monté en moi : “Si tu me suis, tu auras une fécondité de 100 pour un.” »
Dès lors, Gérard Testard abandonne son travail pour se consacrer totalement au Christ. « Je suis parti vivre dans cette communauté. »
Un jour, les membres découvrent que son fondateur mène une double vie. « Nous avons été obligés de nous en séparer très rapidement. » Bien que discrète, la communauté était connue par plusieurs évêques, jusqu’à Rome. « Ils ne voulaient plus entendre parler de nous. Beaucoup de permanents sont partis. J’ai décidé de continuer et de faire un acte de foi. »
Élu président de la Fondation pour un monde nouveau, il prend alors en main la destinée de la communauté. Il change son nom qui devient Fondacio. « Lorsque j’ai commencé à développer la communauté en 1991, nous étions présents dans huit pays. Lorsque j’ai quitté la présidence, 17 ans plus tard, soit en 2008, nous étions dans 25 pays. »
Au pied de la croix, Marie
Gérard Testard quitte donc ses fonctions et laisse sa place à un nouveau président. Ce dernier veut avoir les coudées franches pour mener à bien son mandat. « Il m’a écarté du siège social. » Avec lui, 19 autres membres qui y siégeaient ont connu le même sort. « Cela été une grande souffrance pour moi. Là, j’ai vécu une expérience de mort. Je me suis retrouvé au pied de la croix. »
Complètement effondré, Gérard Testard fait une découverte capitale pour le reste de sa vie. « Au pied de la croix, j’ai senti la présence de Marie. J’ai alors pris mon chapelet et je me suis mis à prier. Le chapelet, c’est la prière du vrai monde, du pauvre. Marie m’a pris sous ses ailes. Elle m’a montré à nouveau le Christ. Mon chemin de renaissance, il s’est fait avec Marie. Je suis devenu un grand marial. Ma prière avec Marie est une prière importante. »
Les organisations d’Église qui avaient tissé des liens avec Gérard Testard, alors qu’il était président de Fondacio, décident de maintenir avec lui leur relation de confiance bâtie au fil du temps. C’est ainsi qu’il se voit confier des mandats ecclésiaux. Il devient, entre autres, membre du conseil de l’Observatoire du pluralisme des cultures et religions et de l’organisme Ensemble pour l’Europe, qui rassemble 250 communautés nouvelles, catholiques ou protestantes.
Avec sa femme Marie-Madeleine, qui est née dans le même village que lui et qui est à l’origine de sa conversion, Gérard Testard poursuit son engagement de laïque au sein de l’Église. « Nous nous sommes investis, mon épouse et moi, dans un engagement commun. Nous savions que notre mariage était placé sous le signe de l’engagement missionnaire. »
Aller vers l’autre
Ce don de sa vie pour le Christ est soutenu par sa foi, centrale dans sa vie. « La foi c’est le véhicule que me conduit, qui me projette vers l’avant. La foi, c’est marcher dans la lumière. C’est par la foi que nous voyons. Nous devenons des voyants. Pour moi, croire et voir vont ensemble. »
En 2014, il fonde une nouvelle communauté qui porte le nom d’Efesia. Cette dernière est née à la suite de conversations entre laïques préoccupés par la montée des replis identitaires.
« Efesia a comme fondement la culture de la rencontre. Nous sommes dans une période où il y a des replis identitaires de toutes natures. Il y a une difficulté à aller vers l’autre. L’autre, c’est celui qui est différent et que l’on n’a pas envie de voir. C’est aussi l’immigré, le musulman. »
Cette nouvelle communauté est implantée dans huit pays. «Efesia est organisée en petites cellules, en petites fraternités. La spiritualité peut se résumer en trois points. D’abord la culture de la rencontre. Ensuite, prendre Marie chez soi. Nous avons donc une dimension mariale. Enfin, vivre l’amitié avec le monde, car nous sommes des laïques plein monde, c’est-à-dire que nous travaillons sur les enjeux du monde comme la pauvreté, l’éducation ou la paix. »


La rencontre avec les musulmans
L’autre volet de la mission d’Efesia est la rencontre avec les musulmans. Pour vivre cet aspect de la mission d’Efesia, une association a été créée. Elle porte le nom d’Ensemble avec Marie.
Au mois de mars dernier, Gérard Testard a rencontré le pape François lors d’un séjour au Vatican. « Lorsque j’en ai parlé au Saint-Père, il a répondu: “Ah, la culture de la rencontre ! Oui, c’est important !”»
Le responsable du dialogue interreligieux au Vatican, le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, a aussi confirmé les intuitions à la base d’Ensemble avec Marie.
Si les plus hautes instances de l’Église catholique appuient et encouragent cet organisme de dialogue, celui-ci n’est pas un mouvement d’Église.
Composé de catholiques et de musulmans, Ensemble avec Marie a pour finalité, selon Gérard Testard, « la culture de la rencontre pour la paix et la fraternité humaine afin de réduire les fractures et lutter contre les préjugés, les clichés qui font que nous avons des jugements sur les uns et sur les autres ».
Ensemble avec Marie est également présent dans les lycées. Il y a également des Maisonnées de la paix. Selon le site Web de l’organisme, « ce sont des groupes de chrétiens et de musulmans de six à dix personnes qui se retrouvent régulièrement pour expérimenter ce qu’on entend par culture de la rencontre. Les membres du groupe apprennent une nouvelle manière de vivre, d’échanger entre eux, et avec Dieu. »
La rencontre avec les musulmans
L’autre volet de la mission d’Efesia est la rencontre avec les musulmans. Pour vivre cet aspect de la mission d’Efesia, une association a été créée. Elle porte le nom d’Ensemble avec Marie.
Au mois de mars dernier, Gérard Testard a rencontré le pape François lors d’un séjour au Vatican. « Lorsque j’en ai parlé au Saint-Père, il a répondu: “Ah, la culture de la rencontre ! Oui, c’est important !”»
Le responsable du dialogue interreligieux au Vatican, le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, a aussi confirmé les intuitions à la base d’Ensemble avec Marie.
Si les plus hautes instances de l’Église catholique appuient et encouragent cet organisme de dialogue, celui-ci n’est pas un mouvement d’Église.
Composé de catholiques et de musulmans, Ensemble avec Marie a pour finalité, selon Gérard Testard, « la culture de la rencontre pour la paix et la fraternité humaine afin de réduire les fractures et lutter contre les préjugés, les clichés qui font que nous avons des jugements sur les uns et sur les autres ».
Ensemble avec Marie est également présent dans les lycées. Il y a également des Maisonnées de la paix. Selon le site Web de l’organisme, « ce sont des groupes de chrétiens et de musulmans de six à dix personnes qui se retrouvent régulièrement pour expérimenter ce qu’on entend par culture de la rencontre. Les membres du groupe apprennent une nouvelle manière de vivre, d’échanger entre eux, et avec Dieu. »

Cérémonie de l’association Ensemble avec Marie à la basilique Notre‐Dame‐de‐Bonne‐Garde, en banlieue parisienne.

Cérémonie de l’association Ensemble avec Marie à la basilique Notre‐Dame‐de‐Bonne‐Garde, en banlieue parisienne.
Ensemble pour prier
Ensemble avec Marie organise également des cérémonies dans des diocèses qui tantôt se vivent dans des églises, tantôt dans des mosquées ou encore dans des lieux neutres. « Ces cérémonies durent environ deux heures. Durant ces rencontres, nous ne prions pas avec les musulmans. Nous sommes ensemble pour prier. »
Gérard Testard explique que durant ces cérémonies, « il y a toujours deux intervenants de haut niveau (évêques, théologiens ou imams). Nous avons de deux à quatre témoignages sur Marie. Une lecture d’un extrait du Coran et de la Bible. Nous avons le Notre Père, la Fatiha. On se recueille lorsque l’autre prie. Nous avons une invocation commune. C’est un très beau texte que nous avons mis du temps à faire. Nous ne l’appelons pas une prière, car chez les musulmans, la prière, c’est codifié. C’est un moment très émouvant. J’en vois beaucoup qui pleurent parmi les musulmans. »
En 2019, il y a eu 42 rencontres de ce type dans plusieurs pays. Près de la moitié ont eu lieu en France.
Marie est le pont qui unit musulmans et catholiques, souligne Gérard Testard. « Pour les musulmans, Marie est la femme la plus parfaite de la création. Marie est citée 34 fois dans le Coran. »
Des sociétés fragmentées
Preuve qu’il s’agit d’une initiative nécessaire, les participants aux cérémonies organisées par Ensemble avec Marie sont protégés par le ministère de l’Intérieur. « Nous avons toujours la police qui est là lorsque nous avons un rassemblement. Nous sommes exposés. Il y a des gens qui n’aiment pas la fraternité et la communion. C’est terrible ! »
Devant le succès d’Ensemble avec Marie et de la communauté Efesia, Gérard Testard reste humble. « Cela m’évoque une action de grâce. Cela m’évoque aussi que face à ces sociétés fragmentées, l’Esprit Saint suscite des réponses, toujours. Je prie pour que nous soyons modestement dans les réponses de l’Esprit Saint. »
Ensemble pour prier
Ensemble avec Marie organise également des cérémonies dans des diocèses qui tantôt se vivent dans des églises, tantôt dans des mosquées ou encore dans des lieux neutres. « Ces cérémonies durent environ deux heures. Durant ces rencontres, nous ne prions pas avec les musulmans. Nous sommes ensemble pour prier. »
Gérard Testard explique que durant ces cérémonies, « il y a toujours deux intervenants de haut niveau (évêques, théologiens ou imams). Nous avons de deux à quatre témoignages sur Marie. Une lecture d’un extrait du Coran et de la Bible. Nous avons le Notre Père, la Fatiha. On se recueille lorsque l’autre prie. Nous avons une invocation commune. C’est un très beau texte que nous avons mis du temps à faire. Nous ne l’appelons pas une prière, car chez les musulmans, la prière, c’est codifié. C’est un moment très émouvant. J’en vois beaucoup qui pleurent parmi les musulmans. »
En 2019, il y a eu 42 rencontres de ce type dans plusieurs pays. Près de la moitié ont eu lieu en France.
Marie est le pont qui unit musulmans et catholiques, souligne Gérard Testard. « Pour les musulmans, Marie est la femme la plus parfaite de la création. Marie est citée 34 fois dans le Coran. »
Des sociétés fragmentées
Preuve qu’il s’agit d’une initiative nécessaire, les participants aux cérémonies organisées par Ensemble avec Marie sont protégés par le ministère de l’Intérieur. « Nous avons toujours la police qui est là lorsque nous avons un rassemblement. Nous sommes exposés. Il y a des gens qui n’aiment pas la fraternité et la communion. C’est terrible ! »
Devant le succès d’Ensemble avec Marie et de la communauté Efesia, Gérard Testard reste humble. « Cela m’évoque une action de grâce. Cela m’évoque aussi que face à ces sociétés fragmentées, l’Esprit Saint suscite des réponses, toujours. Je prie pour que nous soyons modestement dans les réponses de l’Esprit Saint. »