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ROSE-MARIE ALAIN

Une relation personnelle avec Dieu

ENTREVUE par Stéphane Gaudet

          OCTOBRE 2021

PHOTO: COURTOISIE

Détentrice d’une maîtrise en sciences de l’éducation et d’une autre en théologie, Rose‐Marie Alain a été enseignante de la maternelle à l’université et accompagnatrice spirituelle. Elle a publié à la fin de 2020 son deuxième livre, Bonheur de croire, dans lequel elle explique comment entrer en relation intime avec le Dieu présent en nous.

Qui est Jésus pour vous?

À l’âge de 30 ans, j’ai décidé que l’Église ne me nourrissait plus et me suis lancée dans une recherche spirituelle. De 30 à 35 ans, je me suis intéressée à d’autres religions pour voir si elles me nourriraient davantage, et je me suis rendu compte que finalement, ça ne répondait pas à mes questions non plus. Mais j’avais entendu dire que Jésus parlait à nos cœurs et que c’est là, dans mon cœur, que je devrais chercher mes réponses. J’ai alors commencé la méditation : je descendais dans mon cœur en y invitant Jésus. Là, j’ai trouvé ! J’ai découvert sa présence à l’intérieur de moi. Ce n’était pas compliqué, dix minutes par jour, mais je prenais le temps de m’arrêter.

Pourquoi avez‐vous choisi de vous consacrer à l’éducation chrétienne et à l’accompagnement spirituel ?

C’est un appel. Après avoir médité pendant quelques années, je me suis dit que ce que je vivais était tellement riche et tellement beau que je ne pouvais pas garder ça pour moi. J’ai quitté l’enseignement pour aller faire ma théologie pendant cinq ans. À l’université, j’ai ensuite formé les futurs enseignants en enseignement religieux et en formation morale. De fil en aiguille, j’ai encore délaissé l’enseignement pour aller étudier la psychologie, parce que je voulais mieux comprendre les personnes. Cela m’a menée graduellement à l’accompagnement spirituel; j’ai reçu la formation d’un centre d’intégration psychospirituelle en Estrie.

Comment développer une relation personnelle avec le Christ Jésus?

Un vrai chrétien s’organise pour être en présence de Dieu tous les jours. C’est comme si on donnait rendez-vous à Dieu. On peut commencer par dix minutes par jour pour s’arrêter, faire silence et lui parler. Et surtout, écouter ! Les gens sont souvent plus habitués à parler au Seigneur qu’à écouter ce qu’il a à dire. C’est pourquoi dans mon livre, on trouve à la fin de chaque chapitre deux pages blanches, une où l’on écrit à Dieu et l’autre où l’on écrit ce qu’il a à nous dire. C’est capital. Je l’ai fait avec mes étudiants à l’université et les résultats ont été incroyables.

Puis, quand on a pris cette habitude, plein de chemins vont s’ouvrir. La méditation mène à autre chose : suivre des cours, lire la Bible, recevoir les sacrements… Je crois à la valeur des sacrements, mais il faut que ce sacrement qu’on reçoit ait un sens. Le sens, on le découvre à l’intérieur de soi. Cette relation qu’on établit avec Dieu à l’intérieur de nous, elle est la même dans les sacrements. Le fondement de la vie chrétienne, c’est l’intériorité.

Vous parlez souvent de méditation, mais que dites‐vous de la prière?

Prier, c’est entrer en contact avec Dieu, lui laisser une place dans sa vie. Donc, la méditation est une prière. C’est une forme de prière silencieuse. Il y a la méditation solitaire, mais les petits groupes de méditation sont aussi excellents quand chacun veut vraiment entrer en présence de Dieu, parfois c’est plus facile, plus inspirant quand on est cinq-six ou une douzaine; ça n’empêche pas la relation intime avec Dieu. Ça, ça ne disparaît jamais quand on a décidé d’habiter son cœur à plein temps et non pas juste le dimanche ou une journée de temps en temps. Quand on décide de vivre en présence de Dieu, la vie devient prière. Il existe plusieurs façons de prier. Certains vont dans la nature et se sentent remplis de Dieu. Il y a aussi les sacrements, qui sont des signes.

Peut‐on être heureux sans Dieu, sans croire ?

Oui, une forme de bonheur peut être atteint au plan strictement humain. On peut être heureux dans l’avoir, mais ça ne donne pas grand-chose en bout de ligne, car le coffre-fort ne suit pas le corbillard ! Qui mise toute sa vie sur l’avoir reste dans le fini; en ajoutant la dimension spirituelle, on passe du fini à l’infini. La vie prend alors une dimension beaucoup plus vaste.

Pourquoi pensez‐vous que le psychologique et le spirituel sont intimement liés ?

Quand Jésus soignait le corps de quelqu’un, en même temps il soignait son âme; et quand il soignait une âme, en même temps il soignait son corps. On sait aujourd’hui que toutes les dimensions de l’humain vont ensemble et forment un tout, on ne peut les séparer. Certains jours, tu feras une lecture plus psychologique de ta journée, et d’autres, une lecture plus spirituelle, en reconnaissant la présence de Dieu qui est passé dans ta journée. Tu t’orientes alors vers le transcendant, vers ce qui te dépasse, ce à quoi tu es appelé. Puisque nous sommes enfants de Dieu, nous avons tout ce qu’il faut en nous pour entrer en relation avec lui.

Au tout début de ma recherche spirituelle était la question : « C’est quoi, un enfant de Dieu ? » Un enfant de Dieu, c’est quelqu’un qui se nourrit de Dieu, qui croit avoir un Père attentif, pas juste pour tout le monde, aussi pour lui personnellement. Cela m’habite toujours. Je sais que Dieu est là pour moi personnellement, je peux lui faire part de mes inquiétudes, de mes peines, de mes réussites, de mes échecs. Dieu écoute toujours.

« Pour être capable d’aimer et de s’aimer, il faut avoir été aimé. »

PHOTO: COURTOISIE

Quelle est la volonté de Dieu pour nous ?

Que nous soyons heureux. Comme si Dieu nous disait : « J’ai les clés du bonheur, et je peux t’aider à être heureux, et encore plus heureux que tu penses. » Tout être humain aspire au bonheur. Jésus nous a enseigné dans les Béatitudes ses recettes de bonheur.

Certains croient que la volonté de Dieu n’est pas que nous soyons heureux dans la vie présente, mais dans l’autre vie, et que la vie ici‐bas est une vallée de larmes faite pour souffrir.

Ce n’est pas du tout ce que je vis dans ma vie de croyante. Au contraire, je sens que Dieu veut que je sois heureuse ici et maintenant, et je le suis ici et maintenant. J’ai compris dans mon cheminement que ce n’est pas « de l’autre bord » qu’on apprend à être heureux, mais dans notre vie courante.

On peut arriver à trouver ce bonheur d’abord en étant soi-même. Quand on ne sait pas qui on est, il existe différentes approches et formations. Pour trouver le bon chemin, il est important d’aller à l’intérieur de soi. On n’a pas tous le même chemin pour être heureux, l’important est de trouver le sien. Plusieurs personnes ne connaissent pas leur être profond, leur vraie identité. C’est triste, parce qu’elles passent à côté du plus beau de la vie ! Elles passent à côté de leur vie.

Une des lacunes les plus importantes que j’ai observées en accompagnement spirituel, c’est que les gens ne s’aiment pas. Par exemple, ils dresseront facilement la liste de leurs défauts mais auront de la difficulté à nommer une seule de leurs qualités… Il faut apprendre à se connaître, à savoir ses forces, ses limites, et avancer à partir de là. Pour être capable d’aimer et de s’aimer, il faut d’abord avoir été aimé. Quand quelqu’un t’a aimé profondément, qu’il s’agisse des parents, d’un professeur, d’un ami, ça te donne la dose pour aimer à ton tour. Tu aimes ton prochain comme toi-même. Le « comme toi-même » est important, car beaucoup disent « j’aime tout le monde, j’aime mon prochain », mais ne s’aiment pas eux-mêmes. Quand j’étais petite, on nous répétait toujours: « Aime ton prochain », mais je n’ai pas entendu souvent le « comme toi-même ». En faisant de l’accompagnement psychospirituel, j’ai vu que j’étais loin d’être la seule dans cette situation. Par la méditation et par mes recherches, j’ai appris à m’aimer moi-même, et à me sentir aimée de Dieu aussi. Ce n’est pas tout de le savoir, on peut le sentir : je le sais parce que je sens qu’à l’intérieur de moi, ça goûte Dieu.

Votre livre s’intitule Bonheur de croire, mais qu’est‐ce que c’est, croire ?

Croire, c’est être en relation avec quelqu’un que nous les chrétiens appelons Dieu, le Dieu de Jésus. Certains chrétiens n’ont pas de relation personnelle avec Dieu et sont uniquement dans la ritualité, la pratique extérieure. Cela ne répond pas au message de Jésus : il n’est pas venu nécessairement fonder une religion, mais pour nous dire : « J’ai un Père qui m’aime et qui vous aime comme il m’aime. » Avancer dans la vie avec lui, là est le secret du bonheur. Entrer en relation avec nous-mêmes pour être capables d’entrer en relation avec Dieu.

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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