Une symphonie de couleurs
ÉDITORIAL par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef
Octobre 2021
Octobre, sous nos latitudes, est un fort beau mois. C’est même le préféré de plusieurs. Le fait que la nature se pare alors de ses plus beaux atours n’y est pas étranger. Pendant quelques semaines, nous avons droit à l’un des plus beaux spectacles qui nous soient offerts par la création. Tellement qu’avant la pandémie, des touristes venaient de loin pour admirer chez nous cette symphonie de couleurs, chant du cygne de la nature avant sa mort (pour mieux renaître ensuite).
Ce beau mois nous rappelle que le Seigneur a créé une multitude de couleurs. Et pour chacune de ces couleurs, il existe une infinité de tons possibles. Nous avons besoin que la nature nous le rappelle, car dans la vie, nous avons souvent plutôt tendance à voir les choses tout blanc ou tout noir. Pas de juste milieu. Sans nuances. Absolument bien ou absolument mal. Tout vrai ou tout faux. Avec nous ou contre nous. Cette pensée binaire, manichéenne, nous rend rigides, peu aptes à saisir la complexité des choses. Nous sommes assoiffés d’absolu, notre esprit préfère les choses claires et simples. Ce qui n’entre pas dans nos cases mentales est perçu comme dérangeant ou menaçant.
Notre époque est particulièrement propice à la polarisation. On voit facilement un ennemi en qui ne pense pas exactement comme soi. Il semble qu’il y ait de moins en moins de place pour la nuance dans les débats de nos jours. On aime les jugements péremptoires, bannir, condamner. Les réseaux sociaux nous permettent de n’être en contact qu’avec des gens qui pensent comme nous, aiment les mêmes choses que nous, votent comme nous… Il nous est ainsi possible de vivre dans une bulle, sans contact avec des idées différentes.
C’est pourtant dans la confrontation des idées qu’on peut se faire une opinion éclairée. On semble souvent mal à l’aise avec la diversité de points de vue, que tout le monde ne pense pas comme soi, ne vive pas comme soi. Jésus, au contraire, cherchait la compagnie de gens de divers milieux, dont certains avaient même une moralité bien éloignée de la sienne, et bravait les interdits sociaux de son époque. Il adressait la parole aux femmes, aux Samaritains, aux impurs, aux collecteurs d’impôts qui s’en mettaient plein les poches, aux traîtres qui collaboraient avec l’occupant romain. Il ne s’arrêtait pas aux différences et savait bien que « ça prend toute sorte de monde pour faire un monde ». Tout le contraire de quelqu’un qui vit dans sa bulle.
L’arc-en-ciel, avec son spectre de couleurs, est dans le livre de la Genèse le symbole de l’alliance entre Dieu et tous les êtres vivants (pas seulement les humains), de millions d’espèces différentes. Alors que nous contemplons la végétation qui flamboie, remercions le Seigneur d’avoir créé la diversité, rendant ainsi notre monde plus beau et plus intéressant. Car si Dieu l’avait créé en noir et blanc, il serait bien triste, ce monde.