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Dieu

LES MOTS DE LA VIE par Jérôme Martineau

          JANVIER-FÉVRIER 2025

Le silence bienfaisant
PHOTO : STÉPHANE GAUDET

L’existence de Dieu suscite des interrogations. Les croyants mettent en lui leur confiance alors que les athées nient son existence. Qui donc est le Dieu des croyants ?

Saint Augustin lance cette question au chapitre quatre des Confessions : « Qu’êtes-vous donc mon Dieu ? » Le premier article du Credo professe : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. » Ce sont des mots qui engagent toute l’existence humaine. Le mot « Père » est issu des évangiles. Les rédacteurs du Symbole des apôtres ont retenu le mot employé par Jésus pour parler de Dieu dans la prière qu’il a enseignée : « Notre Père qui es aux cieux. » Les premiers mots du Credo indiquent que le croyant croit en la relation qui existe entre lui et Dieu. C’est ce qu’enseigne Jésus.

Jésus insiste tout au long de son enseignement sur la révélation d’un Dieu de relation. Ses paroles sont en lien avec la tradition de l’Ancien Testament qui s’exprime à travers l’Alliance. Dieu est un être de parole qui entre en relation. Il fait connaître aux hommes et aux femmes le désir profond qu’il attend de l’humanité. Il faut relire le chapitre 12 du livre de la Genèse pour entendre Dieu se tourner vers Abraham pour lui dire : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai. » Il y a quelque chose d’émouvant dans ces paroles. Dieu parle à l’homme. Dieu donne une mission à Abraham. Dieu fait d’Abraham un marcheur qui va expérimenter le désir de Dieu de faire alliance avec lui.

Une émotion semblable traverse l’Évangile de Jean. Jésus, après le lavement des pieds, constate le désarroi des apôtres. Il se tourne vers eux et leur dit : « Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez en moi » (Jean 14,1). Là encore, la foi en Dieu est associée à la relation unique qui existe entre le Père et nous. La vie des disciples va changer s’ils entretiennent cette relation. Une joie nouvelle va les habiter parce que cette relation est transformante. Le théologien Maurice Bellet a écrit que « ce qui est premier au sein de la création, c’est la relation ».

DIEU CRÉATEUR

La deuxième partie du premier article du Credo parle de la puissance du Dieu créateur. Nous revenons aux premiers versets du livre de la Genèse où Dieu est présenté comme le créateur du ciel, de la terre, des animaux, de l’homme et de la femme. La puissance de Dieu est avant tout créatrice. Il est intéressant de constater que cette puissance crée la vie. Toute vie est d’abord et avant tout une mise en relation. Dieu ne crée pas pour manifester une puissance égoïste comme les hommes puissants de ce monde le font. Il répand un souffle qui permet à la vie de se déployer et de se situer face à lui. Le philosophe Henri Bergson a écrit à ce propos: « Dieu a créé des créateurs. » C’est là le fruit de l’amour. En somme, Dieu crée des êtres libres.

La philosophe Simone Weil a écrit dans son livre Attente de Dieu: «Dieu a créé par amour, pour l’amour. Dieu n’a pas créé autre chose que l’amour et les moyens de l’amour.» Nous trouvons au psaume 103 la description de la personnalité de Dieu : « Yahvé est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Comme est la tendresse d’un père pour ses fils, tendre est Yahvé pour qui le craint » (psaume 103,8.13). Nous devrions méditer souvent ces versets.

UNE RECHERCHE INCESSANTE

Dieu ne fait pas l’unanimité. L’homme a été créé libre. Rien ne l’oblige à faire alliance avec Dieu. Dieu dérange. Je me souviens d’une chronique de Lise Payette dans Le Journal de Montréal. Elle mettait Dieu en accusation à propos du scandale du mal. Elle accusait Dieu de non-assistance aux personnes aux prises avec les conséquences du mal. Le silence de Dieu face aux guerres qui sévissent est un scandale pour plusieurs personnes.

Malgré toutes les recherches théologiques, la coexistence de Dieu et du problème du mal demeure un mystère. Maurice Bellet a réfléchi sur cette situation : « L’esprit critique, dans la relation, consiste précisément à accepter l’obscur et l’opaque comme peut-être riches d’un sens qu’on ne connaît pas. »

Dieu ne se trouve pas à coup de preuves. J’aime bien les mots du théologien Félix-Alejandro Pastor : « La connaissance divine n’est pas le fruit d’une simple réflexion : elle requiert la pratique de la charité (1 Jean 4,16). » Connaître Dieu, c’est garder ses commandements, particulièrement le commandement nouveau de l’amour (1 Jean 2,5). Maurice Zundel affirme « qu’on ne s’approche de Lui qu’à pas d’Amour ».

Source (tableau du haut) : Simon-Mathurin Lantara, L’Esprit de Dieu voguant sur les eaux, 1751, Musée de Grenoble.

Fondée en 1892 par le bienheureux Frédéric Janssoone, o.f.m.

Magazine d’information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

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