La recherche de la sagesse ne cesse de se poursuivre depuis que l’humanité a constaté que la vie est un livre ouvert où les expériences posent la question du sens de l’existence. Chacun, chacune a voulu trouver une recette pour que la vie soit bonne, ouverte et équilibrée. C’est à partir de ce moment que les pensées de nos ancêtres ont commencé à réfléchir à un art de vivre qui nous mènerait au bonheur.

Comment la tradition biblique a-t-elle présenté la sagesse ? Les livres de la Sagesse ont été rédigés après le retour de l’exil en 520 avant avant notre ère. Cette collection renferme les livres suivants : la Sagesse, Job, les Proverbes, Qohélet (l’Ecclésiaste), le Siracide (l’Ecclésiastique). Ils montrent que la sagesse biblique possède des couleurs bien à elle.

C’est dans cette perspective que l’auteur Jean-Yves Leloup la définit : « La Sagesse, c’est l’expérience de “laisser être” l’Être en soi – “Laisser Dieu être Dieu” –, ne pas lui faire d’obstacle, se soumettre ou s’abandonner au mouvement de la Vie qui se donne. » Cette forme de sagesse est « intelligence du cœur ». Leloup indique que la Sagesse « ne nous est pas donnée seulement pour nous-mêmes, mais pour les autres ».

UN DON DE DIEU

La sagesse demeure chez Dieu et c’est Dieu qui nous invite à l’acquérir. J’entends encore mon professeur d’exégèse, le père Évode Beaucamp, enseigner que l’appel de la sagesse relève directement de l’amour miséricordieux de Dieu. Il nous fait ce don gratuitement. Il faut de notre part un esprit de réceptivité pour l’accueillir. Les livres de la Sagesse enseignent que la crainte de Dieu est la vertu à acquérir pour emprunter le chemin de la sagesse. La « crainte de Dieu » n’a pas bonne presse aujourd’hui. Une explication est nécessaire. La crainte de Dieu consiste à s’abandonner à Dieu et à reconnaître qu’il est l’auteur de la vie. Ce n’est pas une peur physiologique, mais une attitude du cœur. L’attitude de la personne qui donne place à l’humilité et à l’ouverture à l’autre.

LE PLUS HAUT DES BIENS

Jean-Yves Leloup écrit que la Sagesse divine « éveille ce qui est vivant en chacun de nous ». La sagesse nous permet de discerner ce qui est nécessaire pour que la vie se déploie en harmonie. L’enseignement traditionnel sur la sagesse nous dit qu’il faut la désirer plus que tout et que « c’est le plus haut des biens que l’être humain puisse acquérir. […] Le commencement de la Sagesse, c’est de reconnaître que celle-ci nous manque, c’est dans cette lucidité que s’origine le désir de l’obtenir » (J.-Y. Leloup).

Le premier livre des Rois indique comment le roi Salomon – le roi sage par excellence a demandé à Dieu la sagesse : « Donne à ton serviteur un cœur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal, car qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand. » Dieu répond à Salomon en soulignant qu’il n’a pas demandé la richesse ni un long règne. Il ajoute : « Je te donne un cœur sage et intelligent comme personne ne l’a eu avant toi et comme personne ne l’aura après toi » (1 Rois 3,9.12).

L’intelligence du cœur se manifeste par une écoute, une disponibilité, une présence active auprès des autres et de Dieu. L’homme sage est juste. Il agit avec droiture et compassion. La sagesse est une ouverture sur la vie. Le père Beaucamp disait en commentant le livre des Proverbes : « La Sagesse est un trésor, car toute richesse découle d’elle. »

LA SAGESSE INCARNÉE

Les évangiles ne font pas référence directement à la Sagesse divine. Ils montrent plutôt comment la Sagesse divine s’exprime dans le monde dans la personne de Jésus. C’est par ses attitudes face à Dieu et aux hommes que Jésus incarne la Sagesse divine. Jésus « s’est fait obéissant », comme l’écrit saint Paul. Il s’est abandonné à la volonté du Père : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite […]. » Telle est sa prière.

La Sagesse «est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache de l’activité de Dieu, une image de sa bonté».. (Sagesse 7,26)

D’autre part, sa proximité avec toutes les formes de pauvreté, son écoute des marginaux et des pécheurs font de lui l’homme humble qui incarne la Sagesse divine. Il dénonce à hauts cris ceux qui détournent la religion de la volonté du Père. Son accueil montre comment Dieu pardonne au pécheur. La vie de la personne sage est une vie vécue à partir de la Source. Pour mon ancien professeur, un homme sage, la Sagesse divine nous enseigne « qu’être frères et sœurs ne consiste pas à vivre ensemble coude à coude, mais à vivre ensemble l’amour du Père qui descend d’En-haut “comme une rosée sur les hauteurs de Sion” ».