l y a quelques mois, j’ai publié sur Facebook cette photo de l’usine Wayagamack, une papetière établie depuis 1912 ici, à Cap-de-la-Madeleine. Cette usine a fait vivre des générations de Madeliniens, dont plusieurs ont été pèlerins au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap au fil des ans. Une amie avait alors commenté sous ma publication :
« Y a pas à dire, tu es un vrai Trifluvien quand tu vois de la beauté là. »
Je crois que ma fascination pour cette photo va au-delà du beau et du laid. On vit dans une société où le secteur industriel disparaît peu à peu. L’économie du savoir, les nouvelles technologies et le secteur tertiaire le remplacent. Dans un monde de plus en plus dématérialisé où tout semble accessible sur nos téléphones et tablettes (même nos rencontres se font sur Zoom), j’aime les villes ouvrières, où les gens se salissent les mains; j’aime voir un train chargé de marchandises passer; un port de commerce actif; une usine qui fume, des humains qui y rentrent travailler. Ça me rappelle la dimension matérielle de la vie. Jésus n’était pas un pur esprit, il s’est incarné dans notre monde matériel, et quand il voulait nous enseigner, il utilisait des paraboles qui parlent des choses de la vie courante : les semences, les arbres, le vin, l’argent, une lampe…
Pour moi qui jongle avec les idées, les théologies, les doctrines, ça fait du bien de me rappeler que la vraie vie, elle est sur le plancher des vaches et non dans les livres. Elle nous est donnée pour être vécue. Pas réfléchie, méditée, analysée. Jouer avec un enfant m’en apprend plus sur la vie qu’un traité de philosophie.
On parle beaucoup depuis quelque temps des « transfuges de classe », ces personnes qui font partie d’un milieu social différent de celui dont elles sont issues. Je suis fils d’ouvrier, petit-fils d’habitant, des gens qui se sont sali les mains. Mais je suis un intellectuel qui a enseigné et qui gagne maintenant sa vie comme journaliste religieux. Moi, quand je me salis les mains, c’est parce que l’encre de ma plume m’a taché le bout des doigts. Je n’oublie toutefois pas d’où je viens et quels sacrifices ont consentis ceux qui m’ont précédé pour que je puisse faire des études et être là où je suis aujourd’hui.
Chez nous, on a l’habitude de célébrer le travail le premier lundi de septembre. Je profite donc de cette fête du Travail pour rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui se salissent les mains, d’une manière ou d’une autre, au propre comme au figuré. Et aux personnes qui, grâce à leur labeur, ont bâti la société dans laquelle nous vivons de nos jours. Gratitude !
Stéphane Gaudet
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