Malgré les statistiques qui démontrent que la pratique cultuelle des catholiques plonge dans les abysses, des jeunes, pour qui la messe et l’engagement social au nom du Christ demeurent importants, s’identifient encore comme catholiques. La Revue est allée à la rencontre de Lorenzo (photo) et Maïa, tous deux de la paroisse Saint-Esprit de Rosemont, à Montréal.
ssis dans une des salles du presbytère, les deux paroissiens se confient sans gène au journaliste qui les interroge. C’est Maïa qui brise la glace. Elle est née au Québec d’un père québécois et d’une mère originaire d’un pays européen où la représentation de l’Église catholique est encore très forte. « Mon père est athée. Ma mère est un peu fâchée contre la religion. »
Malgré tout, ses parents prenaient la peine de répondre à ses questions sur la religion et sur la mort. Mais c’est surtout auprès de ses amies croyantes qu’elle a reçu des réponses.
Le songe
Maïa est aux prises avec des problèmes d’anxiété qui se sont aggravés à l’âge 14 ans. « J’ai toujours été anxieuse. Je suis une thérapie et prends des médicaments. » Lors d’un voyage dans le pays de ses ancêtres en 2023, elle entre dans une église pour la toute première fois. « J’ai tout de suite adoré. C’était beau et paisible. Les gens étaient gentils. J’ai commencé à prier. En fait, j’ai simplement parlé à Dieu. Cela m’a vraiment fait du bien. Puis, la nuit, j’ai rêvé à Dieu. Je n’ai pas vu son visage, mais j’ai entendu sa voix. Il me disait : “Viens !” »
À son retour à Montréal, une de ses amies lui confie son désir de se faire baptiser et lui demande de l’accompagner dans son cheminement. « Malgré mon rêve, j’avais peur ! » Puis elle vient à la paroisse Saint-Esprit et rencontre l’agent de pastorale Martin Fontaine. « J’ai tout de suite pensé qu’il devait y avoir quelque chose de nouveau au sein de l’Église catholique, car Martin s’est montré très ouvert. Il nous disait d’être respectueux envers les autres religions. » Peu à peu, elle consolide sa foi nouvelle et reçoit le baptême en mars 2024.
Pour sa part Lorenzo est un catholique de naissance. « Ma mère vient de Colombie. La religion y est présente partout. Mon père est né au Québec. J’ai reçu mon baptême, ma première communion et ma confirmation dans la paroisse. Moi, je n’ai pas eu le choix. » Pourtant, après avoir reçu le sacrement de la confirmation, Lorenzo sent l’appel de poursuivre son cheminement. « J’ai toujours aimé partager ma foi avec les jeunes de la paroisse. »
Convictions et engagement
Les deux cégépiens ne cachent pas leurs convictions, mais ne les mettent pas en avant, non plus. « Si mes amis me demandent ce que je fais dimanche, je leur réponds que je vais à l’église. Je vais dire la vérité. Mais, pour vrai, cela ne m’est pas arrivé souvent. Il y a des amis avec lesquels je n’ai jamais parlé de cela », avoue Lorenzo. Même chose pour Maïa. « Je ne me cache pas. Par contre, je ne vais pas aller voir les autres étudiants pour leur dire que je vais à la messe. »
S’ils hésitent à parler de leur cheminement, c’est que la réputation de l’Église catholique et des autres religions n’est pas très bonne. « Les professeurs et les étudiants portent encore des jugements. Ils émettent des critiques qui ne sont pas toujours justes », explique Maïa.
Malgré tout, ils savent que les étudiants se posent des questions existentielles. « Tous les jeunes le font. Mais ils répondent à ces questions de différentes manières », souligne Lorenzo. « Les jeunes ont une spiritualité qu’ils retrouvent dans la méditation, la nature, l’art, la mode. Ils empruntent d’autres chemins », complète Maïa.
Tous deux profondément croyants, ils sont néanmoins convaincus de l’importance de s’impliquer dans la société pour la rendre plus juste ou pour régler la crise climatique. « Si tu ne fais rien, la société ne va pas s’améliorer. Il faut vraiment faire un effort ! », dit Lorenzo. « J’aimerais que la prière seule puisse régler tous les problèmes. J’ai beaucoup de difficultés avec les chrétiens qui ne s’engagent pas dans la cause environnementale parce qu’ils disent que la Terre n’est pas leur maison. J’ai vraiment de la difficulté, car ce sont les pauvres qui vont être les premières victimes de la crise écologique ! », tance Maïa.
Un regard critique
Malgré leur amour pour l’Église, Lorenzo et Maïa n’hésitent pas à la critiquer. « Il y a plein de choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. J’aimerais voir des femmes prêtres. J’ai de la difficulté avec la position de l’Église concernant l’avortement et l’homosexualité. La première valeur enseignée par Jésus, c’est l’amour envers son prochain et non le jugement ! », déclare Maïa. « Je crois que l’Église pourrait s’y prendre autrement pour capter l’attention des jeunes. Elle est encore un peu trop axée sur le passé dans sa manière de fonctionner », croit Lorenzo.
Ce sont de belles valeurs
« Après, il y a les valeurs de l’Église. Je trouve que ce sont de belles valeurs. Quand même, les Dix Commandements, ce sont de bons commandements ! », lance Maïa, provoquant des réactions amusées !
Après avoir souligné que, comme Obélix, il est tombé dans l’Église dès sa naissance, Lorenzo déclare : « C’est le plus beau cadeau que mes parents pouvaient me faire ! »
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