Le frère oblat Bernard Hamel (1925-1994) a marqué Rouyn-Noranda par son dévouement envers les pauvres. Tellement qu’un organisme communautaire de la ville porte encore aujourd’hui son nom.
elui que tout le monde appelait familièrement « ben » est arrivé à la paroisse de l’Immaculée-Conception, dans le quartier RouynSud, en 1959. Il allait y demeurer 35 ans, jusqu’à sa maladie et son décès à l’âge de 68 ans.
Éliette Aubry, qui l’a bien connu, raconte que Rouyn-Sud était un quartier pauvre, né d’un hameau de squatteurs établis pendant la Grande Dépression. Une vingtaine d’années après la fondation de la paroisse en 1938, le frère Hamel ne tarde pas à œuvrer en faveur des plus démunis du coin. Dès le début des années 60, il crée un vestiaire dans le sous-sol de l’église, puis « La canne qui dépanne », un service de dépannage alimentaire. Les paroissiens sont alors invités à déposer des boîtes de conserve à l’église, le garage du presbytère servant d’entrepôt et les dons en argent permettant l’achat d’aliments périssables.
UNE EXTRÊME DISCRÉTION
Ginette Paradis, qui a connu le frère quand elle a commencé à travailler en service social, se souvient d’un homme très humble et timide, qui faisait tout dans une extrême discrétion. « Pour écrire un article sur lui dans l’album du 50e de la paroisse en 1988, il a fallu que j’use d’humour pour le faire parler, car il n’aimait tellement pas se mettre de l’avant ! » Éliette Aubry renchérit: «Un gars effacé, il ne prenait pas de place.»
Mais quand il s’agissait des pauvres… « Au presbytère, des gens sonnaient à n’importe quelle heure, même à l’heure du souper. Une fois, le frère Hamel a rappelé à ses confrères parfois agacés : “Y a pas d’heure pour les pauvres!” Pour moi, ça résume Bernard », poursuit madame Aubry, précisant que cette anecdote lui avait été rapportée par un autre oblat. « Il ne se vantait pas; tout ce qu’on sait de lui, ce n’est pas lui qui nous l’a dit, mais on l’a entendu dire par d’autres. »
Ainsi, les personnes qui ont côtoyé Bernard Hamel ont su qu’il quêtait de la peinture aux quincailleries pour aller repeindre, avec des hommes, en catimini chez des mères de familles seules. Ou de la nourriture aux épiceries pour ceux qui avaient faim. Qu’il allait porter un panier de Noël chaque année à un homme qui vivait dans le dépotoir de la ville. Toujours très discrètement…
HISTOIRE DE DINDES
Il a fait de la conciergerie à l’église, des rénovations, un terrain de jeu… « Ben » ne disait jamais non. Et quand c’était lui qui demandait quelque chose, difficile de dire non à quelqu’un qui ne dit jamais non! Albertine Landry, oblate qui était réceptionniste de la paroisse à l’époque, se souvient qu’une fois en décembre, le frère Hamel s’était fait voler des dindes destinées aux paniers de Noël. « Je lui ai dit : “Tu peux en demander d’autres. Tu sais que les gens, quand tu demandes quelque chose, ils t’en donnent.” Et en effet, les gens lui ont rapporté des dindes. » Quand Bernard tombait en vacances, il ne partait pas sans d’abord s’assurer qu’Albertine distribue ses sacs de denrées aux pauvres qui viendraient en son absence.
Bernard Hamel s’est engagé bien au-delà de la paroisse, s’impliquant dans divers organismes de Rouyn. Tout le monde le connaissait. « Vous auriez dû voir l’église bondée à ses funérailles. S’il avait entendu tout le bien qu’on a dit de lui à son service, il devait être gêné dans sa tombe ! », s’amuse madame Paradis.

Éliette Aubry, Ginette Paradis et Albertine Landry, o.m.m.i., ont bien connu le frère Hamel. PHOTO : STÉPHANE GAUDET
SA VOCATION OBLATE
Éliette Aubry rappelle la devise des Oblats: « Il m’a envoyé évangéliser les pauvres. » Selon elle, c’est exactement cela qu’a fait le frère Hamel. « Ce n’était pas un intellectuel qui prêchait par des sermons, il prêchait par son action. Il a évangélisé les pauvres en prenant soin d’eux. Ç’a été sa façon de vivre sa vocation d’oblat. »
Deux ans après son décès est né un organisme pour venir en aide aux plus démunis de Rouyn-Noranda. Lorsqu’il a fallu lui trouver un nom, c’est à l’unanimité que les gens ont dit : « Faut que ça porte le nom de Bernard. » C’est ainsi qu’est né le Centre Bernard-Hamel, devenu Ressourcerie BernardHamel après la fusion avec une friperie au début des années 2000.
Bernard Hamel n’a pas fondé la Ressourcerie, mais elle s’inscrit dans son esprit, son sillage, raconte Martine Dion, directrice de l’organisme pendant 28 ans, jusqu’à septembre dernier. Ressourcerie BernardHamel regroupe aujourd’hui friperie, carrefour alimentaire, écocentre et brocante. Ces magasins, ouverts à tous, permettent de financer la banque alimentaire, qui aide 1100 personnes par mois, un chiffre en hausse. La Ressourcerie compte 52 employés, de nombreux bénévoles et est devenue un acteur incontournable du tissu social de Rouyn-Noranda.
Notre Infolettre
Soyez à l'affût des nouveautés.
En vous inscrivant, vous consentez à notre politique de confidentialité.

«La synodalité goûte bon »
La deuxième session du Synode sur la synodalité s’est déroulée à Rome au mois d’octobre 2024. Nous avons rencontré Mgr Alain Faubert, évêque de Valleyfield.

«Y a pas d’heure pour les pauvres !»
Le frère oblat Bernard Hamel (1925-1994) a marqué Rouyn-Noranda par son dévouement envers les pauvres.

Réhumaniser la santé
La santé représente plus de 40% des dépenses gouvernementales. Le vieillissement de la population les pousse irrépressiblement vers le haut.