Luc écrit : « La puissance du Seigneur était sur lui pour qu'il fasse des guérisons » (5,17) pour qu'on réalise d'où vient la capacité de Jésus à guérir complètement l'humain, corps et psyché.
coutons cette histoire « d'hommes portant sur un lit un humain relâché… Ils montèrent sur le toit et au travers des tuiles, ils le descendirent sur un petit lit devant Jésus. » « Voyant leur foi », Jésus s'adresse aux porteurs et on ignore si l'humain paralysé le voulait ou si ses amis l'ont traîné, n'en pouvant plus de le voir faire la planche. Jésus dit : « Humain, elles te sont laissées aller (relâchées, acquittées tes fautes/erreurs, aphienai). » Sur ce, on entend grogner les pharisiens et les scribes qui contestent… hypocritement, puisque Jésus a parlé au « passif divin », sous-entendant que c'est Dieu qui laisse aller et non lui. Jésus pose alors cette question [traduction littérale] :
« Quoi est plus facile de dire : ont été relâchées à toi tes fautes/erreurs ou réveille/éveille-toi et marche ? Se tournant, il dit : réveille-toi, et ayant pris ton "petit lit", va à ta maison. Aussitôt, se levant, il prit ce sur quoi il était couché, il partit… »
PARALYTIQUE OU PARALYSÉ ?
C'est en grec que l'on voit bien la différence entre le paralytique (paralutikos) de Marc repris par Matthieu et le paralysé (paralelumenos) de Luc. Un paralytique est quelqu'un incapable de bouger bras ou jambes, alors qu'un paralysé peut être quelqu'un qui « fige » sur place ! Le paralytique a un problème de motricité, le paralysé peut avoir un problème émotif (peur, découragement, culpabilité, etc.). C'est une hypothèse basée sur le vocabulaire, paralelumenos signifiant « énervé de corps et d'âme, relâché, affaibli ». Il est donc plausible que cet humain ait un problème psychosomatique. Cela me rappelle cette amie disant en parlant de son fils : il est « en morceaux, à ramasser à la petite cuillère ». En grec, le jeu de mots continue. À cet humain dont les membres « sont relâchés/lâchés », Jésus dit : « elles te sont relâchées tes erreurs / fautes » ; aphienai, traduit par « pardonner » dans le Nouveau Testament, signifie « laisser aller, lâcher, congédier ». L'avantage du récit grec de Luc, c'est qu'il montre clairement pourquoi Jésus dit cette parole avant d'opérer la guérison physiquement !
UN LIT QUI RAPETISSE
Entrer dans le récit, c'est remarquer qu'au début, on ne voit que le lit et qu'à la fin, il n'y a que l'humain debout : là est l'essentiel de l'histoire ! Au verset 18, « le lit » est mentionné avant l'homme. Il prend toute la place, plus important que la personne étendue dessus. Au verset 19, le lit devient un « petit lit » (klinidion) et l'homme est mentionné en premier : « ils le firent descendre avec le petit lit. » Au verset 24, Jésus dit : « ayant levé ton petit lit » et au verset 25 : « s'étant levé… ayant pris ce sur quoi il était étendu ». Le lit a disparu ! Extraordinaire !
Il faut également entendre Jésus disant : « et ayant ton petit lit, va à ta maison. » Car emporter son petit lit, c'est s'assumer et se tenir debout. Ne plus jamais se laisser clouer au lit de la peur, du découragement, du « je n'en peux plus ». C'est le signe pour se rappeler ce que l'on a vécu et ne plus jamais recommencer. D'ailleurs au verset 25, l'ex-paralysé se tient « debout en face d'eux », capable maintenant de faire face aux autres et à la vie. Se tenir debout est le propre de l'humain voulu par Dieu (Ézéchiel 2,1).
LA COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE AUTHENTIQUE
Voilà l'histoire d'un humain qui a entendu un appel à « se réveiller, à se lever ». Se lever peut demander un courage infini certains jours, dans certaines circonstances, peu importe l'âge ! Il faut donc l'entendre cet « éveille-toi et ayant porté ton petit lit, va dans ta maison ». Laissons-nous porter de temps en temps par les autres quand on est à bout de souffle. Ou si on est en plein forme, soutenons l'autre à côté qui ne l'est plus, faisons un bout de chemin avec lui pour qu'il redevienne un humain à part entière. C'est-à-dire un humain capable de se tenir debout, d'entrer en relation, de marcher et d'avancer sur le chemin de la vie. Un être humain sorti du tunnel de la peur, du tombeau d'où il ne voyait plus rien. Il y a des jours où ce sont les gens que l'on aime qui sont dans cette situation, et d'autres où c'est nous-mêmes.
Ce récit évangélique exemplaire montre l'importance du soutien les uns des autres dans une authentique communauté chrétienne. Apprenons à faire confiance au Nazaréen et à l'autre à côté de nous quand il veut nous aider.
PLUS QU'UN GUÉRISSEUR ET UN PROPHÈTE
Jésus est présenté comme guérisseur et homme de Dieu, tel le prophète Élie. Mais Jésus est plus qu'un guérisseur et un prophète. C'est le Messie. Son agir se situe en fonction de sa proclamation : l'arrivée immédiate du Règne de Dieu dans les personnes qui le désirent ! Là est sa mission. Sa façon de la concrétiser, c'est de guérir et de libérer l'être humain au nom de Dieu. On comprend mieux ce récit si l'on sait qu'au temps de Jésus, maladie, démon et faute/erreur vont de pair. Si quelqu'un est malade, on soupçonne immédiatement un démon ou une erreur commise.
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