L’année liturgique s’étend du 1er dimanche de l’avent à celui du Christ-Roi. Nous nous promenons ainsi à travers les saisons, d’un automne à l’autre. Durant tout ce parcours, où est Marie ? Sa présence est-elle concentrée en quelques temps forts ? Certains visages de Marie sont-ils plus valorisés que d’autres ? On peut regarder les 21 fêtes mariales, au Canada, sous divers angles.
out d’abord, elle est célébrée chaque mois ! Elle est donc présente tout au long de l’année, et à chaque saison. Quatre mois sont toutefois privilégiés, avec chacun trois fêtes mariales : mai, août, septembre et décembre. Février en a deux et les autres mois, une seule.
SOLENNELLE EN CHAQUE SAISON
Par ailleurs, la quantité n’est peut-être pas ce qui est le plus important ! Car il y a des degrés entre ces célébrations, une hiérarchie de catégories. Au sommet, on trouve les solennités. Le mot le dit, cela requiert une célébration plus développée. Il y en a quatre, une pour chaque saison : Sainte Marie, Mère de Dieu (hiver, 1er janvier), Annonciation de la Vierge Marie (printemps, 25 mars), Assomption de la Vierge Marie (été, 15 août), Immaculée Conception de la Vierge Marie (automne, 8 décembre).
Qu’est-ce que ces solennités ont en commun ? Trois d’entre elles font référence à une affirmation doctrinale de l’Église sur Marie elle-même : elle fut déclarée Mère de Dieu au concile d’Éphèse en 431; Pie IX a proclamé le dogme de l’Immaculée Conception le 8 décembre 1854; et Pie XII, celui de l’Assomption, le 1er novembre 1950. Quant à l’Annonciation, elle évoque un récit biblique majeur (Luc 1,26-38), annonçant que Marie sera mère de Jésus, le Fils de Dieu; elle est célébrée depuis le 7e siècle.
FÊTES ET MÉMOIRES
Après les solennités viennent les fêtes. Le mot invite à nous réjouir. Il y en a aussi quatre. Deux sont liées à des récits en Luc (1,39-56; 2,22-39) : la Visitation de la Vierge Marie (31 mai) et la Présentation du Seigneur au Temple (2 février). Les deux autres relèvent de traditions différentes : la Nativité de la Vierge Marie (8 septembre) est une fête ancienne, attestée à Rome au 7e siècle; Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre), qui est la patronne des Amériques, tient son origine d’une apparition mariale au Mexique en 1531.
Après les fêtes, tout en pouvant être autant festives, viennent les mémoires, qui sont plus nombreuses. Il n’y a pas de célébration sans mémoire. Mais ici, le degré d’importance baisse un peu ! Il y a les six mémoires obligatoires. C’est quand même sérieux, on ne peut les laisser tomber : ainsi Sainte Marie, Mère de l’Église, au lundi de Pentecôte, qui est très récente (2018); Cœur immaculé de Marie (1944), le samedi qui suit la fête du Sacré-Cœur de Jésus; La Vierge Marie, Reine (1954), célébrée le 22 août; Notre-Dame des Douleurs, depuis le 13e siècle, qui vient après la fête de la Croix glorieuse (14 septembre); Notre-Dame du Rosaire, depuis le 16e siècle, le 7 octobre; et Présentation de la Vierge Marie, le 21 novembre, qui fait suite à sa Nativité.
Enfin, laissées à notre liberté et à notre attachement à ces figures, viennent les sept mémoires facultatives, dont plusieurs Notre-Dame : de Lourdes (11 février) et de Fatima (13 mai), du Mont Carmel (16 juillet) et de Lorette (10 décembre), du Bon-Conseil (26 avril), auxquelles s’ajoutent le Saint Nom de Marie (12 septembre) et la dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure (5 août).
Cette classification des célébrations mariales vaut pour le Canada. Mais selon les lieux, elles peuvent changer de catégorie : ainsi, Notre-Dame de Guadalupe, fête au Canada, est une solennité au Mexique et une mémoire facultative en Europe. D’autres fêtes mariales ne sont pas au calendrier du Canada mais sont célébrées en d’autres pays : ainsi, Notre-Dame de la Merci, célébrée en Espagne le 24 septembre; Notre-Dame du Perpétuel Secours, patronne d’Haïti (1966), fêtée le 27 juin.
DANS L’ÉCONOMIE DU SALUT
Comment ces célébrations en l’honneur de la Vierge Marie se situent-elles dans un calendrier liturgique dont le centre est le mystère pascal, celui de Jésus le Christ, Fils du Père, qui nous envoie l’Esprit ? Des documents ecclésiaux présentent la place de Marie dans l’économie du salut et aussi dans la liturgie. La Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, promulguée au concile Vatican II (21 novembre 1964), aborde cette question dans sa section « Le culte de la Sainte Vierge dans l’Église » (nos 66-67). La Constitution sur la Liturgie, Sacrosanctum Concilium (4 décembre 1963), le fait dans sa partie : « L’Année liturgique » (nos 102-103).
Un document important, qui reprend les éléments du Concile et les développe, est celui de Paul VI, en 1974 : l’exhortation apostolique Marialis cultus, sur le culte de la Vierge Marie. Il parle du culte public et aussi de la dévotion privée. Il situe les fêtes mariales dans le cadre du calendrier liturgique, en soulignant le lien qui les unit au cycle annuel des mystères de Jésus son fils. Il présente Marie comme « modèle de l’attitude spirituelle avec laquelle l’Église célèbre et vit les divins mystères » (n° 16) : la Vierge qui écoute, qui prie, qui donne vie, qui offre (nos 17-20). Il propose aussi, pour un renouveau de la piété mariale, quatre orientations (nos 29-37) : un enracinement biblique, une harmonie avec la liturgie, une préoccupation de l’œcuménisme, une sensibilité aux dimensions humaines.
NOTRE EXPÉRIENCE PERSONNELLE
Une autre façon de porter attention à cette présence de Marie dans l’année liturgique, par-delà et à travers les catégories et documents officiels, c’est de la considérer à partir de notre expérience personnelle, avec nos préférences et notre parcours spirituel. Durant notre enfance, si notre paroisse ou notre famille vouait une dévotion particulière à telle figure de Marie, celle-ci fait partie de notre propre histoire sainte et nous la fêtons. Ou un séjour en d’autres pays nous a permis de visiter certains sanctuaires (plusieurs sont mentionnés dans ces fêtes mariales) et de découvrir tel visage de Marie.
De plus, les communautés religieuses ont chacune leurs préférences, liées à leur histoire et à leur spiritualité. Elles vont célébrer davantage telle fête mariale. En regardant les noms de ces fêtes, on peut faire des rapprochements avec les noms de plusieurs communautés : Bon-Conseil, Cœur-Immaculé, Présentation, Assomption, Immaculée-Conception... Chez les Dominicains, promoteurs du Rosaire, celle de Notre-Dame du Rosaire est valorisée; en plus, elle a été instituée par un dominicain, le pape Pie V. Les diocèses ont aussi leur préférence : la Visitation est la fête patronale du diocèse de Montréal.
LE RÔLE DE L’ART
Dans nos attachements, le rôle de l’art est à souligner : notre dévotion est soutenue par des icônes, statues, vitraux, chants, qui ont su nous toucher, éveiller notre sens du mystère et nous accompagner dans nos habitats. Marie, Mère de Dieu et Notre-Dame des Douleurs ont une tradition iconographique développée.
Pour ma part, comme frère prêcheur, les fêtes qui me parlent davantage sont celles qui reposent sur un récit biblique : Annonciation, Visitation, Présentation du Seigneur. Et j’ai eu la chance de voir plusieurs œuvres d’art, particulièrement les Annonciations de Fra Angelico (15e siècle), patron des artistes, qui sont variées selon le public auquel elles s’adressaient et invitent au recueillement et à la joie.
D’une saison à l’autre, célébrons, avec Marie, les mystères de notre foi.
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